La grâce, un jour à la fois
David Cotnoir
En mars 2012, lorsque ma femme Ginette est allée rejoindre son Seigneur, ce n’était pas une surprise pour nous. En effet, elle était atteinte d’un cancer depuis plusieurs années, et c’est ce qui l’a emportée. En 2001, elle a appris qu’elle était atteinte du cancer du sein et a subi plusieurs interventions chirurgicales ainsi que les traitements appropriés sans se plaindre. Les années suivantes ont été libres de cancer, mais, en janvier 2008, le cancer est revenu et elle a appris qu’il n’y avait plus d’espoir de guérison; elle a dû apprendre à vivre avec une maladie chronique.
Pendant tout ce temps, Ginette a été capable de jeter un regard en arrière et de voir comment le Seigneur la guidait tout au long de cette épreuve. Au commencement de 2001, il l’a dirigée à lire un article écrit par une dame qui avait souffert du cancer. Cette dernière avait fait confiance à Dieu pour qu’il prenne soin d’elle, même si cela devait la conduire à mourir, ce qui s’est effectivement produit. Ginette a raconté qu’après avoir lu l’histoire de cette dame, son espoir était que, si elle devait vivre une expérience semblable un jour, elle soit animée du même type de foi, sous les soins de son Père. Quatre mois plus tard, elle a appris qu’elle était atteinte du cancer du sein.
Giny était entourée d’une armée de partenaires de prière. Elle s’est souvent sentie soutenue physiquement et édifiée par ces prières, particulièrement juste avant de subir une opération chirurgicale ou de recevoir un traitement de chimiothérapie. Elle se récitait le Psaume 23, ayant confiance que le berger de son âme veillait sur elle.
Giny a reçu des traitements de manière constante de 2008 jusqu’à la fin. Pourtant, le Seigneur nous a démontré ses tendres soins pendant tout ce temps. Elle a été soignée par les membres d’une équipe de médecins et d’infirmières compatissants. Elle a participé à des études de recherche qui ont prolongé ses jours plus longtemps que son oncologue ne s’y attendait. L’un de ces traitements a duré plus d’une année et, pendant tout ce temps, son énergie et sa vitalité sont réapparues (ainsi que des cheveux frisés, une expérience entièrement nouvelle pour elle). En 2010, elle a pu de prendre des vacances si désirées dans les îles Britanniques.
En 2009, le Seigneur a permis à Ginette d’assister au mariage de nos deux garçons à deux merveilleuses femmes chrétiennes et, en juin 2011, elle a tenu ses petits-enfants (un garçon et une fille qui sont nés à quelques jours d’intervalle) dans ses bras pour la première fois. Elle a été rassurée et bénie de voir ses enfants suivre le Seigneur au même moment qu’ils fondaient leurs propres familles et leurs foyers.
L’étude des Écritures que faisait Giny lui a montré que Dieu exerce sa souveraineté dans tous les aspects de la vie. Pendant qu’elle a dû faire face aux défis de la maladie et de sa propre mortalité, elle mettait quotidiennement en pratique Son plan pour elle, ici et maintenant. Elle a appris à mettre en pratique le commandement de Jésus de « vivre un jour à la fois ».
Après la mort de Giny, nous avons trouvé le texte manuscrit qui suit; ce dernier a été rédigé neuf mois après qu’elle ait appris le retour de son cancer.
Le 6 octobre 2008
« Je viens d’une longue lignée de pécheurs.
De hors-la-loi, de menteurs, de buveurs, d’adultères, de commères et de plaignards, remplis d’orgueil, d’arrogance et d’égoïsme. Rien d’inhabituel, mais tout ceci constitue une offense à Dieu.
Je viens également d’une longue lignée de pécheurs touchés par la grâce de Dieu, rachetés par Christ, pardonnés et lavés, plus blancs que neige. C’est un nouveau départ sur une nouvelle voie, cependant, nous nous retrouvons à nouveau devant des problèmes. Nous tombons parfois, nous doutons parfois, quelques fois victorieux et parfois vaincus. Personne d’entre nous ne change comme il le voudrait, mais nous pouvons devenir plus conscients de la présence de Dieu et de sa grâce dans notre vie quotidienne.
Au fur et à mesure que nous reconnaissons nos égarements et nos fragilités, nous pouvons reconnaître que nous avons besoin d’aide, de force et de pardon perpétuel : tout ce qui compose la grâce. Être une créature de la chute est humiliant, mais c’est pourtant notre lot dans la vie. C’est cet état qui nous permet de reconnaître la beauté de Dieu et la splendeur de son plan.
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J’ai un cancer du sein métastatique. Voilà une mauvaise nouvelle. Je pense que cette maladie finira par m’emporter; elle se répandra dans mon corps et s’attaquera à mes organes vitaux. Je suis des traitements qui me permettent de gagner du temps. Ma vie sera prolongée, mais pour combien de temps? Je n’en suis pas sûre, des années sans doute. Combien d’années? Nul ne le sait.
Que devrais-je faire du temps qu’il me reste? Aimer Dieu et ceux qui m’entourent. Voilà la grande réponse, mais c’est plus difficile de le vivre au quotidien.
Quelle est la volonté de Dieu pour moi? (voir ci-dessus)
Quel que soit le temps qu’il me reste, cela demeure la volonté de Dieu pour moi et c’est très bien ainsi.
À l’occasion, je perds de vue cette vision et je deviens confuse, égarée. J’aimerais prendre des décisions éclairées concernant les projets d’avenir, mais je constate que je dois abandonner cette idée et simplement faire de mon mieux, forte de la connaissance que je possède aujourd’hui. Je n’ai pas besoin d’être parfaite et je n’ai pas besoin d’être une patiente cancéreuse modèle; ce serait un perfectionnisme erroné.
Je voudrais vivre ma vie avec dignité et j’aimerais honorer Dieu; je veux demeurer vraie. Le fait de me sentir triste et d’être atterrée par la conjecture de ces événements dans ma vie est tout à fait légitime. Ces sentiments me rendent normale, et il est légitime d’être normale. »
Je ne peux trouver de meilleur exemple de la manière dont Dieu a répandu sa grâce abondamment envers Ginette, car elle témoigne qu’Il l’a sauvée de ses péchés. Par Sa grâce, elle comprenait comment Il désirait qu’elle vive pour Sa gloire et c’est volontairement qu’elle s’est soumise à Sa volonté.