Un foyer pour le peuple Chin à Kitchener en Ontario
may 2011
La République de l’Union de Birmanie comporte huit groupes ethniques principaux : les Shans, les Môns, les Karens, les Karenni, les Kachin, les Rakhines et les Chins. Pendant des siècles, chacun d’entre eux se distinguait par sa culture et sa religion distinctives. L’Union de Birmanie est issue de l’accord de Pang Long signé en février 1947 par les Birmans, les Shans, les Kachins et les Chins, officialisant leur indépendance de l’Empire britannique. Ces groupes ont ainsi formé l’Union de Birmanie, où chaque état jouit des mêmes droits et statuts.
Cependant, dès l’entrée en vigueur de la déclaration d’indépendance, un conflit intérieur a dégénéré en une longue lutte entre les forces armées de certains de ces groupes et l’armée birmane. Le gouvernement a promulgué une loi faisant du bouddhisme la seule religion du pays, ce qui a entraîné les protestations des chrétiens et des groupes ethniques.
En 1962, le général Ne Win a organisé un coup d’État et s’est emparé du pouvoir par la force. Le gouvernement militaire a ainsi été légitimé. Depuis ce temps, les droits des minorités ethniques, y compris ceux du peuple Chin, ont progressivement disparu. En 1988, les Birmans ont protesté en demandant l’établissement de la démocratie et des droits de la personne. Le gouvernement a répondu par la bouche de ses canons à eau et par des balles qui ont attiré l’attention du monde entier. Des milliers de gens ont été tués et beaucoup ont fui leur pays.
Le christianisme et la société Chin
Le peuple Chin a pratiqué pendant des siècles le nihilisme, conduit par les dirigeants des villages selon des règles conventionnelles d’autogestion. Mais après l’arrivée du révérend Arthur Carson et sa femme Laura de la Mission Baptiste Américaine, en 1889, la société Chin est progressivement devenue une société à prédominance chrétienne. Croyant fermement qu’il fallait répandre l’Évangile aux non-croyants, le Congrès Zomi Baptiste (CZB) a mis sur pied, en 1984, un vaste programme missionnaire appelé « les Chins pour Christ en un siècle ». Ils espéraient évangéliser toute la population Chin en un siècle. La Parole de Dieu s’est répandue chez les Chins, et c’est ainsi que 90 % de la population est devenue chrétienne avant le début du nouveau millénaire. Après ce grand succès remporté auprès du peuple Chin, la mission centre ses efforts auprès des non-croyants dans les autres états de Birmanie.
La persécution politique et religieuse et la vague de réfugiés birmans à l’étranger
L’état Chin est victime de persécution religieuse. Beaucoup d’églises ont été démolies et la construction de nouvelles églises a été interdite. Parfois, les leaders chrétiens et les pasteurs sont victimes du gouvernement militaire non seulement en raison de leurs activités chrétiennes, mais également de leur implication sociale de premier rang auprès de la population.
À cause de la persécution politique et sociale, beaucoup de Chins ont fui leur région pour trouver refuge dans les pays avoisinants comme l’Inde, la Malaisie et la Thaïlande.
Les Chins de Kitchener, en Ontario
L’établissement de Chins à Kitchener en Ontario remonte à 2003, lorsqu’un petit groupe de réfugiés provenant d’Inde et de Malaisie sont venus s’établir au Canada comme résidents permanents. Au début, ils étaient peu nombreux et ils alternaient entre une maison puis une autre pour leur culte du dimanche.
Mais le nombre de Chins à Kitchener a progressivement augmenté. En 2005, ils étaient plus de 50, si bien que le culte d’une maison à l’autre n’était plus possible, et l’on pouvait s’attendre à ce que d’autres Chins s’établissent dans la région de façon croissante.
Chaque dimanche, nous nous priions en grand nombre pour les nouveaux arrivants et les réfugiés. Nous priions également pour trouver un lieu de rassemblement.
À l’époque, notre entité s’appelait « l’Association des chrétiens Chins de Kitchener ». C’est en novembre 2005 que nous avons commencé à nous réunir dans différents bâtiments par-ci par-là dans la ville pendant de courtes périodes à la fois sans jamais avoir d’endroit permanent. En décembre 2007, cette association comportait 80 personnes. Malheureusement, à cause de problèmes de dénomination, la congrégation s’est divisée en deux groupes; l’un d’entre eux, d’une quarantaine de personnes, est devenu l’Église baptiste Chin.
Depuis le 2 mars 2008, cette Église tient ses rencontres dans une des salles de l’Église baptiste de Kitchener, qui nous aide à croître de bien des façons depuis ce temps. Nous sommes bénis de pouvoir utiliser une de leurs salles pour adorer notre Dieu dans notre langue et notre culture.
Notre assemblée a atteint récemment plus de 100 personnes et nous avons deux cultes par semaine, soit le samedi soir (de maison en maison) et le dimanche après-midi. Nous espérons que l’Église baptiste Chin connaîtra une croissance spirituelle et en nombre dans les prochains mois. Nous désirons remercier vivement l’Église Benton Street pour leur aide, leur appui et leurs bons soins envers nous.
Nous sommes si heureux et si fiers d’être au Canada, même si nous devons relever de nombreux défis. Parmi ceux-ci figurent l’apprentissage de l’anglais et la neige, mais nous nous plaisons vraiment ici.
Veuillez prier pour que nous puissions avoir notre propre lieu de culte au moment propice et qu’il soit géographiquement approprié.
—Van Kung est un pasteur bénévole à l’Église baptiste Chin à Kitchener dans la région de Waterloo en Ontario. Salai Thawng Hu est le diacre principal de cette Église.