L’assistance humaine et bienveillante de l’Aumônerie

Une entrevue avec Tom Kartzmark, aumônier du Fellowship à l’aéroport

Tom Kartzmark a célébré vingt années de ministère à l’aéroport international d’Ottawa. L’Essor a demandé à Tom de raconter quelques-unes de ses expériences à ses lecteurs.

L’ESSOR : Comment avez-vous commencé votre ministère à l’Aumônerie?

Tom Kartzmark : J’ai été sauvé en 1972 et j’ai rapidement été à l’œuvre à l’East Kildonan Baptist Church à Winnipeg au Manitoba. J’avais une carrière très payante dans le monde des affaires; cependant, la conviction que je devrais exercer un ministère à temps plein s’est fait de plus en plus sentir. Le révérend Philip Philips, fondateur de l’Aumônerie à l’aéroport de Toronto, et Stu Silvester, qui était alors mon pasteur à la Bramalea Baptist Church à Mississauga en Ontario, m’ont convaincu de prendre la décision difficile de démissionner et ainsi de faire un pas de foi. Vivian, ma femme, et moi avons franchi des sentiers divinement préparés et néanmoins formidables jusqu’en 1986 où je suis devenu aumônier à l’aéroport international de Winnipeg. En 1993, j’ai reçu une invitation à devenir le tout premier aumônier de l’aéroport international d’Ottawa.


 L’ESSOR : Pouvez-vous préciser à nos lecteurs quelques-uns des défis que pose le fait d’être aumônier dans un aéroport?

Tom Kartzmark : Ceux qui sont aumôniers parce qu’ils ont reçu leur appel de Dieu acquerront de la maturité dans la foi, parfois en menant une grande lutte personnelle de leur âme devant le Seigneur. Bien que tout ministère chrétien suscite une croissance spirituelle à divers degrés, selon mon expérience, l’aumônerie fait croître le serviteur au moyen d’un pénible sentiment d’isolation issu de la sensation d’être un prophète dans la nature. En effet, les aumôniers sont mis à l’épreuve par Dieu et par les gens tant ceux qui sont sauvés que les autres et les défis ont été taillés sur mesure par Dieu, et s’ajustent parfaitement à leurs traits de caractère et les préparent à des circonstances favorables pour toucher le cœur des gens. L’aumônerie est le ministère d’un missionnaire envers ceux qui ne sont pas encore atteints par l’Évangile. Remarquez bien qu’un aumônier devient rapidement au fait du cynisme de la société envers un corporatisme d’Église, perçu comme un organisme politisé et institutionnalisé.

J’ai découvert que la plupart des gens jugent Dieu en s’appuyant sur les actions et sur les paroles de ce corporatisme d’Église. À l’aumônerie, ce constat est encore plus flagrant. Lorsque l’occasion se présente, je réponds bien souvent : « Ne jugez pas Dieu selon ses enfants désobéissants, cherchez Dieu par vous-mêmes dans sa parole. » L’aumônerie est une occasion pour les gens de voir un chrétien « officiel » dans leur contexte, humain et bienveillant; ils constatent que le clergé est humain, au lieu de professionnels pieux déconnectés des réalités de la vie.


L’ESSOR : Dans un aéroport comme celui d’Ottawa, vous faites affaire avec des gens de cultures et de langues différentes. Selon vous, quel est l’outil qui rend le ministère possible dans un contexte aussi diversifié?

Tom Kartzmark : Une des choses que j’ai apprises, c’est d’être sensible à l’esprit d’une personne. En effet, tout être humain, quelles que soient sa culture et ses croyances, sait reconnaître quelqu’un qui parle à son cœur avec son propre cœur. Je ne m’engage jamais dans des arguments. « Repousse les discutions folles et ineptes, sachant qu’elles font naître des querelles » 2 Ti 2.23 (Colombe). L’une des facettes de la tolérance comporte le fait d’éviter de s’engager dans des débats et des arguments avec quiconque n’est pas disposé à entendre ou n’a pas un cœur qui s’interroge et qui désire apprendre.

J’ai mis au point cette devise : nourris l’affamé et favorise celui qui a la volonté d’apprendre.
J’aimerais souligner ici l’importance de servir les gens au nom du Christ. Si vous considérez les gens comme des cibles à convertir et que vous êtes amical parce que vous voulez les manipuler pour le Seigneur, ils le sentiront dans leur esprit et vous résisteront ou, d’instinct, ils éprouveront du ressentiment envers vous. J’ai des employés qui détestent mes convictions, mais qui ont appris à me respecter en tant que personne et pasteur. Une personne en particulier est devenue amicale. Plus tard, lorsqu’elle a amorcé son cheminement vers la mort, elle est devenue plus ouverte à l’Évangile lorsque je lui en parlais. Nous sommes là pour démontrer l’amour de Christ en action. Certaines personnes peuvent mettre du temps avant de parvenir à faire confiance à l’autre, mais l’Esprit honorera en son temps ceux qui sont animés de bons motifs, que ce soit par la sainteté du cœur ou par le fruit récolté. Lorsque vous gagnez la confiance des gens, vous devenez de plus en plus conscient des profondeurs de la lutte des cœurs, quels que soient leurs différences culturelles ou leurs préjugés.


L’ESSOR : Il y a toujours des moments forts dans notre carrière missionnaire, ils sont souvent trop nombreux pour être soulignés. Pourriez-vous nous raconter l’un de ces moments marquants au cours des vingt ans que vous avez passés à Ottawa?

Tom Kartzmark : Le fait d’être à l’écoute et d’être attentif à l’Esprit, à la personne en face de moi et à la condition de son cœur constitue l’ingrédient essentiel qui permet à certaines personnes de libérer la souffrance cachée qui a miné une grande partie de leur vie. Une femme d’âge moyen a pris une grande respiration et a soupiré rapidement. « J’ai été violée dans mon adolescence! » Puis elle a poussé un long soupir de soulagement. Elle avait finalement été libérée de son secret pour la première fois de sa vie. J’ai été témoin de nombreuses situations où les gens ont ainsi mis leurs âmes à nu.

Le fait le plus marquant pour moi est lorsqu’une personne se sent suffisamment en sécurité avec moi pour s’épancher. J’ai adopté une autre devise : la transparence alliée à l’acceptation constitue la liberté. C’est ainsi que, pour moi, le point marquant se trouve dans És 42.7 : « Pour ouvrir les yeux des aveugles, pour faire sortir de prison le captif et de leur cachot les habitants des ténèbres. »


L’ESSOR : Comment aimeriez-vous que les gens prient pour votre ministère?

Tom Kartzmark : Priez pour que je ne cède pas au découragement et que je persévère même si les fruits semblent parfois insaisissables. Il s’agit parfois de planter de la semence plutôt que de récolter des fruits.

 


Consultez la liste des aumôniers du Fellowship pour lesquels vous pouvez prier au www.fr.fellowship.ca/Annuairedesaumoniers.