Je suis envoyé
Javan a été le premier musulman qui a donné son témoignage à notre Église. Vous ne pouviez le manquer. Il avait une moustache immaculée de la taille d’un balai à main sous son nez et au-dessus de son irrésistible sourire. Les deux chenilles touffues également blanches qui lui servent de sourcils couronnent ses yeux pétillants. Il se dandine alors qu’il se dirigeait vers l’avant.
Soyons honnêtes, il avait demandé la permission bien avant. Il m’avait remis une feuille remplie de citations en anglais qu’il avait prises sur Google qui traduisait son dialogue en farsi. Nous avons travaillé le texte pour qu’il soit compréhensible en anglais et pendant qu’il le lisait, il remerciait les gens de Faith pour l’amour de Jésus qui était devenu si réel pour lui.
Sa vie était remplie des choses de Dieu. En tant que réfugié, il est venu au Canada et a été accueilli par le refuge pour hommes de la New Hope Community Services. Notre Église était un partenaire fondateur de ce foyer et les résidents de ce groupe ont joué un rôle essentiel à notre transformation, nous rendant ainsi une véritable famille d’adorateurs.
Les bénévoles et les pasteurs aimaient les résidents réfugiés de cette maison et Javan le ressentait. Voilà qui constituait une première. À cette époque, alors qu’il était monté à bord d’un autobus, il avait trouvé une version de la bible dans sa langue. Il l’avait reçue comme un cadeau de Dieu et s’était mis à la lire. Les gens ont répondu à ses besoins et l’ont encouragé à participer à la vie de l’Église, comme il était.
Une année plus tard, il a dû se rendre à l’audience en tant que réfugié. Nous avons demandé à Dieu qu’il répande sa grâce sur lui, selon Sa volonté. Le juge a refusé Javan en tant que réfugié. Nous avons été surpris par cette décision, car habituellement, les hommes et les femmes de son pays d’origine qui arrivent ici sont reçus. Il avait été journaliste et c’est son sens de l’humour et sa renommée en faisait une personne à risque dans son pays d’origine.
C’est alors qu’il a entamé une série d’appels.
Pendant ce temps, Javan a approché Mark Buhler ainsi que moi-même parce qu’il voulait recevoir Jésus dans sa vie. Mark travaillait comme missionnaire du Fellowship à Vancouver et affilié à notre Église. Nous avons donc rencontré Javan au restaurant islamique et halal du voisinage où nous avons témoigné au propriétaire. Je lui ai expliqué le message de l’Évangile clairement et il a approuvé chaque vérité. En fait, il a commencé à citer des versets de l’évangile de Jean qu’il avait mémorisé pour prouver qu’il avait approfondi ces vérités.
Il a commencé par les trois premiers versets de Jean 1, puis en a ajouté d’autres. Il était principalement centré sur le fait qu’il connaissait Jésus comme Fils de Dieu et la lumière du monde qui était venu lui apporter la lumière. Lorsque nous avons prié, il nous a annoncé qu’il voulait se faire baptiser, parce que c’est ce que tout disciple doit d’abord faire.
Nous avons donc préparé son baptême lors de notre camp familial au lac Cultus. Il était comme un écolier qui se prépare à son premier jour d’école. Il a suivi les cours de baptême. Il a lu les Évangiles encore et encore. Il a même acheté de nouveaux vêtements, car il avait lu l’épître aux Corinthiens qu’il serait une nouvelle créature et qu’il voulait ainsi commencer son nouveau départ.
Le jour de son baptême, il s’est dirigé dans les eaux du lac avant même que nous soyons prêts et sautait sur place dans son maillot de bain. Il était l’un des huit candidats au baptême par immersion et lorsque son tour est arrivé, il a affirmé qu’il avait accepté Jésus comme son Seigneur et Sauveur, et le Fils de Dieu a-t-il ajouté. Comme il est ressorti du lac, il s’est précipité pour mettre ses nouveaux vêtements et a commencé à se changer. Quelques-uns des membres de notre équipe pastorale l’ont remarqué et lui ont donné une serviette pour qu’il se couvre. En effet, il y a certains réglages culturels que nous oublions parfois d’expliquer à nos nouveaux arrivants.
Javan a commencé à être suivi comme disciple auprès de l’un de nos stagiaires qui est devenu comme un fils pour lui. Il a participé à nos études bibliques multiculturelles les vendredis et samedis. Le dernier vendredi de son séjour parmi nous, des représentants de treize nations ont apporté l’étude biblique, la prière, des mots d’encouragement et l’amour qu’il chérissait tant.
Le dernier dimanche à notre Église, il s’est levé encore une fois avec son discours en anglais tiré de Google. En fait, il est venu en chantant dans l’allée centrale, a lu son message de reconnaissance à la congrégation de Faith, il a lu un poème de sa composition et il s’en est retourné en chantant. Au début de ses causeries lors de nos nombreuses réunions, il commençait toujours par ces mots : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Nous l’avons entouré et nous avons prié pour lui, et nous l’avons recommandé au Père comme nous le faisons avec nos missionnaires.
Ce qui m’a frappé le plus concernant sa foi est survenu le jour avant son départ. J’ai téléphoné à l’officier du CBSA (L’Agence canadienne des services frontaliers) pour lui confirmer que nous amènerions Javan à l’aéroport à l’heure prévue. Javan pleurait lorsque j’ai raccroché. Il m’a annoncé : « Les fonctionnaires du gouvernement croient qu’ils me déportent. Ils se trompent : je suis envoyé. »
-Jack Taylor est pasteur à l’Église Faith Fellowship Baptist de Vancouver en Colombie-Britannique.