Les premiers baptistes : partenaires pour la cause de l’Évangile
Au début des années 1640 et 1650, soit au commencement de l’histoire des baptistes, nos aïeux avaient reconnu la nécessité du partenariat entre les croyants et les congrégations qui partageaient la même vision de la vie chrétienne. La Confession de foi de la First London (Confession of Faith) témoigne de ce fait et a été publiée par sept Églises baptistes de Londres en Angleterre en deux éditions, la première parue en 1644 et la suivante, parue en 1646 avec quelques modifications. Ce document reconnaissait l’autonomie de l’Église locale, mais déclarait avec force que, puisque ces Églises étaient « régies par une seule et même règle », elles devaient donc « par tous les moyens rechercher le conseil et l’aide des unes des autres dans tout ce qui avait trait aux affaires essentielles de l’Église, puisque les membres d’un corps partageaient une foi commune avec Christ pour seul chef. » L’autonomie de chacune des congrégations locales est reconnue ici comme un fait biblique avéré, et également comme le fait que chacune d’entre elles appartient à un seul corps en définitive sous un seul chef, le Seigneur Jésus-Christ. Ainsi, les congrégations locales devraient se concentrer sur la création de partenariats entre elles et sur leur unification au moyen d’associations.
Le genre de partenariat que les rédacteurs de cette déclaration avaient en tête est décrit par plusieurs passages bibliques qu’ils ont cités dans cette déclaration. Parmi ces versets se trouvent 1 Corinthiens 16.1, qui fait référence à la collecte de Paul en faveur des congrégations pauvres de Jérusalem auprès des Églises de Grèce et d’Asie Mineure, et Colossiens 4.16, où Paul demande à l’Église de Colosses de lire la lettre qu’il a adressée à l’église de Laodicée et vice versa. Parmi d’autres textes cités se trouvent Actes 15.2-3 qui traite du conseil de Jérusalem et 2 Corinthiens 8.1-4, qui traite également de la collecte à l’intention de l’Église de Jérusalem. En d’autres termes, les auteurs de cette Confession envisageaient que les Églises s’aident les unes les autres dans le domaine des besoins financiers tout comme dans la recherche de conseils en matière de doctrine et d’éthique. Enfin, ce qui unissait les Églises était la détermination commune de fonctionner sous une seule et même règle, celle des Écritures. Ce n’est que sous une seule entente authentique fondée sur la source de l’autorité ultime en ce qui concerne la vie et la doctrine que les Églises locales peuvent progresser et travailler ensemble.
En 1660, environ 130 congrégations sont issues de ces sept Églises, répandues dans les îles britanniques et réunies en sept associations. Les tumultueuses années 1640 et 1650 ont marqué l’histoire britannique, frappée par la guerre civile et de grands bouleversements sur le plan social, politique et économique. Cependant, les baptistes sont devenus florissants et leur engagement dans le partenariat associatif a joué un rôle essentiel dans leur croissance. Ces partenariats, sous forme d’associations, ont suscité leur force mutuelle et leur communion et ont été instrumentaux dans la préservation de l’intégrité et de l’orthodoxie des congrégations, ainsi qu’un moyen de pourvoir aux besoins financiers des congrégations les plus démunies et de soutenir les initiatives d’évangélisation et d’implantation d’Églises. L’importance que ces premières générations de baptistes ont accordée aux partenariats et aux associations est bien exprimée par M. Barrie White, historien britannique du XXe siècle, lorsqu’il soutient que ces premiers baptistes « croyaient qu’une congrégation ne devrait pas faire cavalier seul, tout comme un croyant ne pouvait prétendre être un chrétien sérieux sans son engagement à une congrégation locale et visible. »
—Michael Haykin est professeur de l’histoire de l’Église et de spiritualité biblique, et directeur de l’Andrew Fuller Center for Baptist Studies du Southern Baptist Theological Seminary à Louisville au Kentucky.