L’envoi de missionnaires est-il révolu?

Bible verse pics - 16. DAVE MARTTUNEN ARTICLEPourquoi continuons-nous d’envoyer des missionnaires dans le monde? N’est-il pas vrai après tout que les gens du pays atteignent encore mieux leurs compatriotes pour Christ de manière plus économique et plus efficace qu’un étranger pourrait le faire?

À cet effet, les statistiques renforcent l’idée de l’efficacité du soutien « national. » Ainsi, plus du tiers de la population mondiale demeure non-atteint : soit environ plus de deux milliards de personnes. Les preuves sont faites : près de 75 % des missionnaires envoyés, ainsi que 90 % des budgets missionnaires réunis dans le monde sont consacrés à des populations déjà atteintes. Il ne reste que 25 % des forces missionnaires chrétiennes avec seulement 10 % des sommes du budget alloué pour atteindre ceux qui ne le sont pas ou qui le sont moins dans le monde. Les agences missionnaires envoient des gens et dépensent des sommes envers des gens déjà convertis par l’Évangile alors que plus de deux milliards de personnes demeurent sans espoir.

Considérons également ces autres faits. À l’intérieur de la « fenêtre 10-40 » (dix degrés au sud et 40 degrés vers le nord) vivent 90 % des démunis dans le monde ainsi que 95 % des non atteints. Cette région du monde est le cœur des religions non chrétiennes. Chaque année, huit millions de personnes meurent dans ce périmètre, victimes de pauvreté.

 Le plus grand nombre de groupes de personnes non atteintes (soit environ 8 000) et les plus grands groupes de non chrétiens vivent dans cette « fenêtre 10-40. »

Devant cet immense besoin, nous devrions donc faire usage de nos ressources pour soutenir les ouvriers nationaux à l’intérieur de la « fenêtre 10-40. » Nous sommes cependant devant un autre défi à surmonter. À l’intérieur de ce territoire, la majorité des ouvriers nationaux sont liés par des contraintes invisibles : la culture, la société, l’économie, l’histoire, la langue et la pauvreté. Lorsqu’elles sont sous-estimées ou ignorées, celles-ci deviennent d’infranchissables barrières contre les progrès de l’Évangile. Pendant que les ouvriers nationaux sont soutenus par les dollars de l’extérieur, la question de la dépendance crée à son tour une barrière paralysante.

Le soutien des ouvriers nationaux à l’intérieur de la « fenêtre 10-40 » ne constitue qu’une part de l’équation pour atteindre les milliards de personne de ce périmètre. Cependant, il faut beaucoup plus qu’une redistribution de la richesse. Je crois que la réponse à ce problème réside dans la formation d’équipes qui ont l’argent, la passion et le savoir en partage pour surmonter les barrières à la propagation de l’Évangile.

Jésus nous a dit que tous ses disciples, nous y compris qui provenons de l’ouest, sont envoyés tout comme lui. Il est venu d’une manière remarquable, pendant que Dieu l’a réduit dans un corps humain : quelqu’un venu pour être près de nous, intime, personnel et présent; Emmanuel, Dieu avec nous. Il était dans sa forme humaine lorsqu’il est mort, il a été enseveli, et il est ressuscité. Le faible (un sauveur humain agonisant) a confronté le puissant (le péché, la mort et Satan, le prince de la puissance de ce monde) et il a remporté la victoire. Aujourd’hui, Jésus nous commande une action incarnée semblable : il nous envoie.

E. M. Bounds avait raison lorsqu’il a déclaré : « Les hommes constituent la méthode de Dieu. L’Église recherche de meilleures méthodes; Dieu recherche de meilleurs hommes. »

Pour certains, l’appel à ne soutenir que les ouvriers nationaux à sa base ne comporte qu’une absolution voilée qui cherche à nous exempter, occidentaux, du dur et nécessaire labeur qu’exige l’appel de Dieu d’incarner l’Évangile; « Vous êtes manifestement une lettre de Christ, écrite, par notre ministère, non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs. » Nous ne devons pas reculer.

Je vois dans un avenir rapproché, des équipes formées d’ouvriers nationaux et d’expatriés, envoyés de manière stratégique dans la « fenêtre 10-40 » pour trouver, former et envoyer de nouveaux dirigeants nationaux. Et selon mon estimation, voilà une bonne stratégie, elle s’accompagne brillamment et justement de la faiblesse humaine. Bien sûr, la clé du succès qui consiste à surmonter cette faiblesse est spirituelle et possède une force intérieure. Voyez encore une fois les mots saisissants de Jésus : « […], car sans moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15.5)

Votre passerelle vers les nations, le Fellowship à l’étranger, continuera de repérer, de préparer et d’envoyer les agents de l’Évangile, désireux et bien formés tant de manière nationale qu’expatriée. Nous trouvons des ouvriers nationaux à l’intérieur de nos frontières désireux de profiter de notre formation et qui veulent entrer dans la danse extraordinaire pleine de défis que nous appelons partenariat. Des champs missionnaires comme l’Indonésie et le Cambodge font la démonstration de l’efficacité d’ouvriers nationaux formés et soutenus envoyés dans leur pays d’origine. Bon nombre de nos champs missionnaires déjà existants sont la preuve d’un mélange efficace d’ouvriers nationaux et d’expatriés qui travaillent de concert pour former les premières équipes d’implantation d’Églises. À ce titre, l’Espagne, la France, la Colombie et le Chili constituent des exemples. Nous sommes déterminés à accomplir ensemble ce que les ouvriers nationaux et les expatriés ne peuvent accomplir avec efficacité par eux-mêmes.

Retournons à notre première question : l’envoi de missionnaires est-il révolu? Non, absolument pas.

Dave Marttunen est directeur du Fellowship à l’étranger.