Réflexion en perspective
« Béni soit l’Éternel, mon rocher, qui exerce mes mains au combat, mes doigts à la bataille. »
Psaume 144.1
Plusieurs semaines s’étaient écoulées et pourtant nous n’avions toujours pas reçu les ordres du général Hughes sur le nombre d’aumôniers qui seraient acceptés en mission avec le 8e régiment, ni quels aumôniers allaient être choisis. Puisque les hommes du Québec avaient gagné les rangs d’un seul bataillon pour lequel je ne serais pas l’aumônier, je me suis interrogé si je devais partir avec les soldats malgré cela. Un soir, je me suis rendu en ville et j’ai demandé conseil à mon ami, le colonel Turner, devenu général par la suite. Il s’agissait d’une soirée magnifique.
La lune brillait, et la vallée s’étendait à l’horizon, où s’alignaient les tentes des soldats, entourées des montagnes qui veillaient sur elles. Nous étions à l’extérieur d’une ferme qui servait de quartier général, et qui surmontait le campement. Lorsque j’ai demandé à mon colonel et ami, puisque j’étais maintenant séparé de mes hommes, si je devais quitter ma paroisse et partir malgré tout. Il m’a alors répondu : « Regarde toutes ces tentes alignées et pense aux hommes qui s’y abritent. Combien d’hommes parmi ceux-ci vont revenir ? Selon l’opinion des experts à propos de cette guerre qui s’amorçait, c’est qu’elle allait durer au moins deux ans. Les pertes en vies humaines lors d’une guerre sont énormes. Les bataillons devaient être relayés par d’autres hommes qui remplaceraient les soldats ainsi tombés, encore et encore. Ne prends pas de décision trop hâtivement. Appuie ta réflexion sur ce que je viens de te dire. »
Le soir suivant lorsque je suis revenu de Québec, je suis retourné voir mon ami le colonel et je lui ai dit : « J’ai réfléchis et j’ai décidé de partir. »1 C’est ainsi que Frederick George Scott a quitté la base de Valcartier pour monter à bord de l’Andania avec le 14e régiment, puis le 16e ainsi que le Signal Company, le 28 septembre 1914.1
La réflexion de cet aumônier est combien évocatrice sur les décisions qu’un homme de Dieu doit prendre quand il cherche la face de Dieu ! Certes, les tentes blanches qui couvraient la lande québécoise avant le grand départ ont disparu. Et le paysage de Gaspé est toujours aussi beau. Les merveilleux paysages évoqués dans ce récit saisissant, et celui de notre grande province au vaste territoire, renferment tout autant d’hommes et de femmes qui n’ont jamais entendu parler de l’Évangile et qui ont besoin de vaillants soldats pour leur annoncer la Bonne Nouvelle qu’ils ont besoin d’entendre.
Dans ce numéro automnal de L’Essor, vous découvrirez la perspective des valeurs qui animent le Fellowship ainsi que des initiatives palpitantes qui s’y rattachent. Vous serez informés et encouragés par la grâce que nous accorde notre Dieu dans l’avancement de son Royaume !
1 Extrait librement traduit, tiré de The Great War as I saw it, Scott, Frederick George, McGill-Queen’s University Press, (2014)