La réparation du filet

Le filet de sécurité du gouvernement apparaît de plus en plus déchiré et en lambeaux. En effet, les coupes budgétaires et la fermeture des services font que la vie de milliers de personnes défavorisées devient de plus en plus précaire.

Winter 2017 - First Word imageCe qui constitue bien sûr un problème, mais également une occasion. L’Église a toujours cherché à protéger les démunis et les défavorisés et à pourvoir à leurs besoins. Au quotidien, les chrétiens ont l’occasion de « réparer le filet », le filet de sécurité sociale par des gestes de compassion.

Quelle devrait donc être la réponse de l’Église envers les démunis, les marginalisés et les maltraités ? Comment Jésus se comportait-il envers les pauvres et les démunis ?

À la lecture du premier chapitre de l’Évangile de Marc, un mot caractérise le ministère de Jésus dans son ensemble : compassion. Les chrétiens sont appelés à se démarquer par leur compassion et leur bienveillance au sein de leur communauté. Aux versets 29 à 45 du premier chapitre de Marc, nous voyons comment Jésus est bienveillant, combien il prie et touche une personne à la fois, ce qui exerce une profonde influence dans leur vie.

La compassion prend soin des démunis (Marc 1,29 à 34)

Nous sommes trop souvent atteints du « syndrome de lassitude de compassion », parce que ce sont les immenses besoins de la foule qui frappent notre regard plutôt que ceux de la personne. Nous ne cherchons pas à améliorer notre communauté parce que nous doutons que cette aide contribue à apporter une amélioration à ce problème.

Si vous vous demandez quel pouvait être une journée typique dans la vie de Jésus, le premier chapitre de l’Évangile de Marc nous en donne un aperçu. Des guérisons, l’exorcisme de démons, l’enseignement, la prière et les déplacements, que d’activités épuisantes ! Le fait de prendre soin des démunis peut drainer rapidement notre énergie. Nous pouvons devenir insensibles aux besoins de notre entourage. Faisons comme Jésus : il cherchait à prendre soin de la personne, pas seulement de la multitude. Nous pouvons tous prendre soin d’une personne ; ses besoins ne sont pas trop grands, nos ressources ne sont pas limitées.

Lors d’une journée épuisante, Jésus a démontré une sympathie ainsi qu’une compassion d’exception en répondant aux besoins individuels, une personne à la fois.

La compassion prie pour le perdu (Marc 1.35 à 39)

La notoriété de Jésus s’est répandue au fur et à mesure qu’il guérissait les malades et exorcisait les démons. Marc 1.35 nous montre Jésus qui fuit sa propre popularité et les complications qu’elle entraînait, pour passer du temps seul avec son père. Il épanche ce qu’il a dans son cœur et prie pour les âmes des hommes et des femmes.

Jésus attachait une très grande importance à la prière. Ainsi, avant tout événement d’importance dans sa vie, il prie. Avant l’appel des douze disciples dans Luc 6.12, avant que les 5 000 hommes aient été nourris dans Marc 6.41, avant la résurrection de Lazare dans Jean 11.41 et avant de subir la crucifixion dans Luc 23.34, pour n’en nommer que quelques-uns.

Jésus amorce la première de trois campagnes d’évangélisation dans la région de la Galilée par la prière. Il reconnaît qu’il doit quitter les foules en quête de miracles pour se rendre ailleurs où sa prédication pourrait se poursuivre sans interruption. Marc 1.39 souligne qu’il continue d’accomplir des miracles dans d’autres villes de la Galilée alors que Luc met l’accent sur le fait que Jésus ait prié et « […] que j’annonce aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu ; […] » Luc 4.43.

Les miracles qui s’en suivirent confirment ce message, mais ils n’étaient qu’accessoires à la tâche première de Jésus qui consistait à annoncer la bonne nouvelle. Si Capernaüm demeurait le quartier général de Jésus (v. 38 et 39), ce dernier laisse entendre qu’il s’est rendu dans d’autres villes étant donné l’engouement des gens parmi la foule de Capernaüm qui raffolait des miracles, en quête d’une solution à leurs besoins physiques, alors que le plus grand désir de Jésus consistait à combler les besoins spirituels des gens.

Nous aussi nous devons veiller à cet équilibre. Nous devons prier pour les besoins et agir avec compassion, mais pas au détriment de prier pour les besoins spirituels des gens en ne témoignant que rarement de l’Évangile. Jésus nous demande d’être ses pieds et ses mains auprès de ceux qui sont spirituellement perdus, qui ont besoin d’entendre son offre du salut.

La compassion touche les démunis (Marc 1.40-45)

Marc 1.40 à 45 nous montre l’un de ces moments où Jésus met sa compassion en pratique lors de la guérison d’un homme atteint de lèpre, une maladie répugnante qui, selon les juifs du premier siècle, était la punition de Dieu pour les péchés du malade. Les premiers signes de cette maladie consistaient en l’apparition de taches sur les paupières, qui se répandaient sur tout le corps pour ensuite atteindre les tissus internes et les organes vitaux de la victime. La mort représentait une délivrance bien accueillie par le malade.

Les rabbins enseignaient aux gens qu’ils ne devaient pas approcher un lépreux à moins de deux mètres ; pourtant, Jésus a touché le malade. Nous lisons en effet dans Marc 1.41 : « Jésus, ému de compassion, étendit la main, le toucha […]. » Ses actions compatissantes différaient grandement de l’enseignement traditionnel et des conventions sociales de son temps.

Jésus a aperçu une personne et il a été touché. Il lui était sympathique et son empathie l’a poussé à agir. La tristesse des gens est ainsi devenue sa tristesse. Jésus a touché quelqu’un réputé intouchable par la société et il nous appelle à faire de même.

Qui sont donc les intouchables, les démunis, les marginalisés et les maltraités de notre société ? L’Église ne peut demeurer indifférente, paralysée ou insensible envers eux et doit passer à l’action.

Remarquez la supplication du lépreux au verset 40 : « […] Si tu le veux, tu peux me rendre pur. » Il savait que Jésus avait le pouvoir et les ressources pour répondre à son besoin, il n’avait pas l’assurance cependant que Jésus désirait les mettre à sa disposition.

Notre volonté constitue bien souvent notre talon d'Achille vis-à-vis le pouvoir ou les ressources dont nous disposons pour répondre au besoin du démuni et du sans défense. La réponse de Jésus a été immédiate et franche : « […] Je le veux, sois pur. »

Vous aimerez le présent numéro de L’Essor intitulé « La justice envers le plus petit d’entre eux. » et vous serez inspirés par les récits de chrétiens qui agissent avec justice, empreints de miséricorde et qui marchent humblement avec Dieu selon Michée 6.8 dans un monde blessé et dans le besoin.