Le bout du rouleau presque atteint au Pakistan

J’éprouvais tous les symptômes classiques du crapaud dans la marmite : je pouvais voir la vapeur, mais je n’en ressentais pas la chaleur. Une mémoire déficiente, de l’impatience, les luttes que j’éprouvais à m’investir dans une conversation n’étaient que quelques-uns des signes de l’étendue de mes problèmes. Nous ne voulions pas compromettre les études secondaires de nos enfants au Pakistan, si bien que nous avions décidé de remettre à plus tard une affectation au pays jusqu’à ce que notre plus jeune termine ses études secondaires. En lieu et place, nous avions choisi d’effectuer des séjours de deux ou trois mois au Canada tous les deux ans, pendant lesquels nous tenterions de faire des mises à jour auprès de nos donateurs et de nos familles dans deux provinces situées à 3 500 kilomètres d’écart. Nous connaissions le prix à payer sur le plan physique aussi bien qu’émotionnel d’une telle décision. Notre problème tirait son origine de la négligence de procurer des soins appropriés à notre âme qui viendraient compenser l’odyssée sans pause que nous avions choisie pour nous-mêmes.

Lors de notre arrivée au Canada, des amis proches ont vite repéré que nous n’allions pas bien. Après avoir consacré 45 minutes dans une conversation, j’avais presque épuisé ma capacité à demeurer participant, même auprès des membres de notre famille.

Nos dirigeants ainsi que mon mentor m’ont encouragé à prioriser le repos et le renouvellement pendant notre séjour à la maison, ce que j’ai fait. Je me suis donc centré sur la lecture et sur des travaux manuels, que ne constituaient que quelques-uns des moyens qui m’ont aidé à guérir et à restaurer mon corps et mon esprit. Cependant, lorsque le flou s’est estompé, l’agitation de mon âme, elle, est demeurée, car elle n’avait pas été abordée, même après mon repos délibéré. C’est ainsi qu’un sentiment de vide persistant accompagné d’une cruelle absence de raison d’être alliés à mon désir d’une relation plus profonde avec Dieu ont continué de me ronger. À l’instance de mon pasteur, j’ai pris part à une retraite de deux jours pour rechercher la présence de Dieu d’une nouvelle manière. Il s’est servi de ce moment pour me donner une vision renouvelée, qui consistait non pas à ce que je devrais faire, mais bien à ce que devait être ma vie. Mon esprit a accueilli aussitôt un nouveau seuil de repos et de raison d’être.

Une chose est cependant demeurée : des moments de dépression occasionnelle ainsi qu’une extrême inquiétude qui remontaient à la surface, alors que mon affectation au pays était bien entamée. Ce qui m’a laissé inquiet des perspectives de notre retour au Pakistan, un endroit réputé pour dévorer les gens pour mieux les expulser par la suite. Le deuxième jour de ma retraite, à la recherche d’un livre, j’ai découvert le livre Soul Keeper de John Ortberg. Ce livre m’a permis de comprendre la cause de mon état, que je m’étais moi-même infligé : la négligence prolongée du soin de mon âme. « Personne d’autre que moi n’était responsable de la condition de mon âme », souligne M. Ortberg. Beaucoup de pain sur la planche m’attendait dans ce domaine.

Tout en entretenant quotidiennement un moment de quiétude significative et me remplissant l’esprit de bonnes documentations sur le ministère et la direction, je n’avais pas excellé à cultiver mon âme : faire l’écoute de sermons et de musique, entretenir un discours intérieur sain et consacrer du temps avec des amis au nom seul de l’amitié, pour n’en citer que quelques-uns. Dieu m’a non seulement montré les éléments particuliers que j’avais besoin de changer pour éviter de retomber dans le même état, mais il a encore accompli une autre merveille pour moi : il m’a touché et guéri : une guérison de l’âme dont elle seule, je le savais, ne pouvait provenir que de lui. Les épisodes de dépression et d’inquiétude ont disparu, par la grâce de Dieu.

 

— Terry Wiley a œuvré en tant que missionnaire du Fellowship à l’étranger dans la province du Sindh au Pakistan, exerçant un ministère auprès des musulmans pendant plus de 25 ans. Il a été récemment nommé comme directeur intérimaire du Shikarpur Christian Hospital.