Les soins spirituels au milieu des ténèbres

Spring/Summer 2017 - Salunier articleL’épuisement spirituel touche bien des sphères du ministère, étant donné les nombreuses demandes qui incombent aux pasteurs de nos jours, le stress peut conduire à une surabondance de responsabilités et même au surmenage et à l’épuisement spirituels. Nous avons effectué dernièrement un sondage auprès d’un certain nombre de nos ouvriers du ministère au Québec, une des régions les plus résistantes sur le plan spirituel et l’une des plus décourageantes au Canada. Plus de 26 personnes y ont répondu et leurs réponses ont mis en lumière la question du surmenage spirituel et la manière dont nous pouvons servir notre personnel du ministère.

Les répondants avaient seize années d’expérience en moyenne et aucun d’entre eux n’a été embauché avant 1980. Parmi ces derniers, plus de 47,4 % ont expérimenté de l’épuisement à un moment donné, et les autres 52,6 % ont répondu qu’ils n’avaient jamais éprouvé de surmenage dans l’exercice de leur ministère.

Les causes

Les raisons principales du surmenage selon les répondants reposaient sur des attentes irréalistes de leur congrégation à leur endroit, des problèmes au sein de l’Église ainsi que ceux au sein du Conseil de celle-ci. Chose surprenante, la vie familiale ne constituait pas une cause principale d’épuisement. Seuls trois pasteurs ont rapporté avoir fait l’expérience de problèmes avec leur femme qui ont conduit au surmenage ; à ce titre, l’un a évoqué des problèmes avec les enfants, les deux autres, des problèmes financiers.

Les solutions

Nous avons demandé à nos pasteurs ce qui a contribué à surmonter leur épuisement. Parmi les répondants, 42 % ont rapporté avoir pris une année sabbatique, 26 % ont eu recours à de l’aide psychologique, 19 % ont reçu de l’encouragement de la part d’un ami et 15 % ont été encouragés par les membres du Conseil de leur Église. Seuls 8 % ont eu recours aux médicaments pour traiter leur problème et 7 % se sont tournés vers un médecin.

Les leçons apprises

Quel encouragement de constater l’enthousiasme chez tous les pasteurs répondants à vouloir aider les autres pour prévenir le surmenage spirituel, avant que leur situation ne dégénère ! La plupart ont renouvelé leur recommandation de demander de l’aide aux anciens et aux membres du Conseil de l’Église avant que ne survienne le surmenage. Un répondant a fait le commentaire suivant : «En tant que chrétiens, nous ne devrions pas être fiers des pressions irréalistes que nous mettons sur les ouvriers du ministère. Rendre des comptes et faire preuve d’humilité sont essentiels et surtout efficaces lorsque nous travaillons au sein du peuple de Dieu dans la prévention de la surabondance de responsabilités qui conduisent à l’épuisement. »

Certains autres répondants ont également encouragé les pasteurs à reconnaître leurs limites. Nous sommes tous limités et ce n’est pas une faiblesse que d’être honnête par rapport à nos capacités. Voilà pourquoi il est si important de ne pas tout faire par soi-même, mais d’apprendre à déléguer ses responsabilités.

L’importance de constamment rechercher Dieu pendant l’épreuve a été soulignée par les répondants. La souffrance peut nous détourner de l’espoir et de la foi ; nous devons avoir les yeux constamment fixés sur Dieu et consacrer du temps en sa présence par la prière pour survivre aux tempêtes de la vie. Signalons qu’un grand nombre de répondants ont déclaré se considérer comme étant leur propre ennemi en exerçant des pressions supplémentaires sur eux-mêmes en réponse aux attentes élevées des autres.

Dans bien des cas, l’isolement peut favoriser ou augmenter le surmenage spirituel chez les pasteurs. Nous devons avoir des amis, des entraîneurs qui nous aideront à corriger les fausses perceptions et à avoir une vision plus juste. Nous avons besoin que les autres s’investissent en nous : par leur encouragement, leur écoute et leurs conseils.

En définitive, il a été fortement recommandé que les pasteurs demandent du soutien lors de leur retour au travail après avoir traversé l’épuisement spirituel. Cette démarche devrait idéalement s’effectuer progressivement plutôt que soudainement. En effet, il faut du temps pour surmonter le surmenage, et se replonger à pied ferme dans le ministère peut s’avérer une expérience bouleversante qui peut ainsi conduire directement à un autre surmenage.

 

— Monique est l’adjointe administrative de la région de l’AÉBÉQ.