La théologie dans les tranchées :

notre vote portant sur l’acceptation des membres

Fall2017 - Jones trenches picCette année a marqué plusieurs anniversaires : le 500e anniversaire de la Réforme, le 150e anniversaire du Canada, le 100e anniversaire de la bataille de la crête de Vimy.

En avril 1917, des dizaines de milliers de soldats canadiens ont pris la crête de Vimy d’assaut et ont remporté la victoire en trois jours, alors que deux années de bataille n’avaient permis ni aux Français ni aux Britanniques d’être vainqueurs. L’Armée canadienne est ressortie victorieuse grâce à une bonne et exhaustive planification, l’ouverture à écouter un bon nombre d’officiers, l’excellente formation, et surtout, la foi qui animait ces soldats selon laquelle ils se battaient pour une juste cause. Des hommes ont péri, mais les pertes ont été négligeables. Mon fils et moi avons passé une journée ensemble pour visiter le cimetière militaire de Vimy où reposent les soldats canadiens, hommes et jeunes hommes ; nous avons éprouvé de la reconnaissance en ce jour de réflexion.

Les conflits : nous pensons souvent à la douleur qui accompagne les conflits, mais qu’en est-il des avantages ? De bonnes choses peuvent provenir des conflits ; ils peuvent nous fortifier et nous rendre plus forts.

Le vote du 14 novembre 2017

Pendant trois ans, nous avons effectué une démarche, pilotée par notre Conseil national, pour discuter et nous prononcer sur le fait que nos Églises s’accorderaient à s’associer avec des Églises qui acceptent comme membres de leurs congrégations des croyants baptisés selon un autre mode que celui de l’immersion. C’est ainsi que nous avons discuté, débattu, écrit et prié : et nous demandons maintenant à Dieu sa sagesse lorsque nous voterons ensemble sur cette question.

Vivrons-nous paisiblement après ce verdict ?

J’ai été encouragé par la manière empreinte de grâce par laquelle nous nous sommes comportés pendant nos débats sur cette question. En tant que Fellowship d’Églises, nous devons être capables de discuter et de débattre sur des questions théologiques.

Quel sera notre comportement après ce vote ? Lorsque surviennent les conflits, nous devrions tenir un miroir. Avant de blâmer quelqu’un, nous devons nous regarder honnêtement.

Le verset 10a de Proverbes 13 souligne : « C’est seulement par présomption que l’on provoque une brouille […] ». Le fait de vous regarder dans un miroir permet à Dieu de vous aider à jeter un profond regard en vous-mêmes. Quelle est la motivation dans ce conflit ? Quel est le piège qui le sous-tend ? Nous avons consacré trois longues années à débattre de cette question. Après le vote, continuons donc à progresser lentement lorsque nous discutons de cette question les uns avec les autres. Les mots peuvent blesser. La Bible nous met en garde qu’il est stupide de s’extérioriser impulsivement : « Tout homme prudent agit avec connaissance […] » (Proverbes 13.16a) et « L’insensé étale tous ses sentiments, mais le sage se retient de montrer les siens. » (Proverbes 29.11.) Je crois que c’est Abraham Lincoln qui a dit : « Même le stupide, quand il se tait passe pour sage. » Proverbes 17.28 est le texte avéré de ce sage conseil.

Alors, entendons-nous de ne permettre qu’aucune conversation malsaine (Éphésiens 4.29) n’envenime notre discours après le vote. Contribuons donc à être en paix avec tous (Romains 12.18), motivés par le désir d’expérimenter ensemble « […] la sagesse d’en haut est d’abord pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante […]. Le fruit de la justice est semé dans la paix par les artisans de paix. » Jacques 3.17-18.

Mettons l’accent sur la réconciliation plutôt que sur la résolution. Il est souvent impossible de tout régler. Nous pouvons être en désaccord sans toutefois être désagréables. Nous pouvons être dans l’unité sans nécessairement être uniformes. Nous pouvons marcher main dans la main sans avoir la même opinion à propos de tout. Nous devons nous réconcilier sans avoir à tout régler. Christ nous a appelés au ministère de la réconciliation (2 Corinthiens 5.8), qui suscite l’espérance, l’optimisme, et nous lie les uns aux autres.

Il y a dix ans, j’ai entendu le général Colin Powell, conférencier lors d’un événement. Voici deux phrases qu’il a prononcées : « D’abord, pourvu que ce soit possible, éviter la guerre. C’est un signe de défaite. Ensuite, dans l’armée, les officiers recherchent les facteurs multiplicateurs de force : le terrain, le temps qu’il fait, l’équipement, l’artillerie, et les facteurs mathématiques qui pourraient multiplier leur force. » Il a déclaré que l’optimisme perpétuel était un facteur multiplicateur de force dans toute organisation. Il y a cent ans, l’armée canadienne a tiré avantage d’une série de facteurs multiplicateurs de forces et a ainsi expérimenté la victoire et la paix qui s’en est suivie.

Souvenons-nous de l’appel au ministère de la réconciliation que nous avons reçu lorsque nous nous rassemblerons pour voter et ensemble, assumons-en les conséquences. Je conclus avec une dernière pensée provenant de l’intéressant verset de Jacques 3.18 (Colombe) :

« Le fruit de la justice est semé dans la paix par les artisans de la paix. »