Notre Dieu missionnaire : La diaspora sur le pas de notre porte

Voici des jours formidables pour s’investir dans les missions. Selon le Global Network of Missionary Structures, en juin 1980, 1 800 agences missionnaires reconnues envoyaient 70 000 missionnaires ; en 2013, 4 000 organismes semblables ont envoyé 250 000 missionnaires dans plus de deux cents pays.

Fondée en 2003, le réseau Finishing the Task se centre sur les groupes non atteints comptant plus de 100 000 habitants. Cette même année, on dénombrait 639 groupes de cette catégorie. En 2010, tous ces groupes étaient engagés, sauf 95 d’entre eux. L’Église en Afrique, en Amérique latine et en Asie a surpassé la croissance de l’Église de l’hémisphère septentrional. En 1900, l’Afrique comptait dix M de chrétiens, soit environ 10 % de sa population. En 2000, l’Afrique comptait 360 M de chrétiens, soit près de 50 % de sa population entière. Voilà qui constituait sûrement le plus grand basculement d’une affiliation religieuse inégalé dans l’histoire.

L’Église en Corée du Sud prévoit l’envoi de 100 000 missionnaires au cours des vingt prochaines années, et les Églises philippines et chinoises figurent sur la même lancée. Devant cette toute nouvelle réalité, Matthieu 24.14 revêt une toute nouvelle signification : « Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin. »

Le Canada ainsi que d’autres pays occidentaux assistent à un nouveau phénomène où l’Église n’est pas aussi florissante que dans les pays de l’hémisphère Sud. Des gens de différents contextes ethniques et religieux arrivent en tant qu’immigrants, migrants ou réfugiés, tous en quête d’un asile sécuritaire.

À l’heure actuelle, un mouvement de diaspora survient et devant cette réalité, nos Églises doivent réagir. Plutôt que de joindre la tendance de xénophobie grandissante, les Églises et les disciples de Christ orientés par la mission doivent interpréter cette réalité nouvelle et croissante comme une occasion missionnaire. Cette nouvelle ère des missions est confirmée par ce mouvement de la diaspora.

On estime en effet que 214M de gens dans le monde vivent désormais en dehors de leur pays d’origine. Au Canada, entre 1988 et 2012, le nombre de résidents permanents est passé de 150 000 à 250 000 et l’on prévoit qu’il sera à la hausse. À l’heure actuelle, 1,1 M de musulmans vivent au Canada et selon les prévisions, ce nombre triplera, par l’immigration et des familles plus nombreuses, au cours des vingt prochaines années. Dieu envoie le monde dans notre voisinage !

Quelle est la réaction de l’Église au Canada ?

Sommes-nous envahis par la peur ou réagissons-nous par la foi ? De bien des manières, la Bible parle de la diaspora des nations. Historiquement, Dieu s’est servi de l’immigration de son peuple pour accomplir ses desseins. Dans l’Exode, les juifs ainsi que les premiers chrétiens du livre des Actes en sont deux exemples. Dieu est à l’œuvre dans et par les diasporas pour accroître l’Église. La stratégie de Dieu consiste à disperser les gens d’autres pays pour ensuite les préparer à recevoir et à proclamer l’Évangile, qui transforme ensuite leur nouvelle identité en devenant une diaspora pour Christ. Nous avons un ouvrier qui sert les travailleurs immigrants en Colombie-Britannique. Il a conduit des Mexicains à Christ qui sont ensuite retournés chez eux dans de petits villages où aucun missionnaire n’y avait jamais mis les pieds. Ainsi, des familles sont gagnées à Christ et des Églises locales sont fondées dans la ruralité mexicaine.

Une théologie de la diaspora s’est formée au cours des dernières années pour répondre à ces nouvelles réalités démographiques canadiennes. Voici entre autres les nouvelles leçons apprises par l’Église :

  • Un ministère aux gens de la diaspora ou un travail de proximité des chrétiens canadiens auprès des immigrants, des réfugiés et des nouveaux Canadiens.
  • Un ministère par le biais des gens de la diaspora ou un travail de proximité des chrétiens de la diaspora auprès des membres de leur propre groupe.
  • Un ministère au-delà des gens de la diaspora ou un travail de proximité effectué par les chrétiens de la diaspora envers d’autres groupes de la diaspora.

L’affluence actuelle des nations sur le pas de notre porte offre une immense occasion pour l’Église d’aimer et de gagner les gens pour Christ. Les gens de la diaspora, particulièrement ceux provenant d’endroits difficiles de notre planète, récalcitrants à l’envoi de missionnaires, sont gagnés à Christ en nombre inégalé après leur arrivée au Canada. Je viens d’entendre le récit de trois femmes musulmanes converties à Christ par deux de nos implantations d’Églises. Le traumatisme du déplacement dans un nouveau pays suscite souvent un éveil spirituel et une sensibilité, au fur et à mesure que les immigrants et les réfugiés se familiarisent avec leur nouvel environnement.

Les immigrants, dont les repères ont changé, ont besoin de connaître où Dieu se trouve. Les nouveaux immigrants sont en quête d’une nouvelle identité possible qui intègre à la fois les choses anciennes du pays d’origine et la nouveauté de leur pays d’adoption. À cet effet, ils ont besoin de gens fiables, d’amitiés nouvelles et d’endroits sécuritaires pour leur permettre d’obtenir de l’aide pratique lorsqu’ils explorent leur pays d’adoption. L’Église locale peut offrir toute cette aide lorsqu’elle réoriente sa mission pour mettre à profit nos nouvelles réalités démographiques.

Comment les Églises baptistes du Fellowship peuvent-elles devenir une source de grâce aux gens de la diaspora ? Quelle est votre perception des immigrants, même ceux qui sont illégaux ? Dieu se soucie-t-il de ces gens ? Quel est l’appel de Dieu à agir pour chacun d’entre nous ? Dans le présent numéro de L’Essor, nous menons l’enquête sur nos voisins « différents » dans notre environnement.