Le multiculturalisme de l’Église locale

« Je fais le rêve qu’un dimanche, ces bancs d’Églises déborderont... De gens de toutes les couleurs, de races si différentes, réunis par un respect mutuel et ne faisant qu’un seul corps. » Je me suis remémoré les paroles de ce discours de mon cru, rédigé en 1990, à la manière de « J’ai fait un rêve » lorsque je me suis trouvé à nouveau à la Morningstar Christian Fellowship où j’ai remarqué la mosaïque des gens réunis lors des funérailles de Lorraine Chen. Vingt-sept ans plus tard, dans ce même lieu, je réfléchissais à la vision que Dieu m’avait donnée qui consistait à considérer le microcosme de l’Église locale de la même manière que le microcosme de l’Église triomphante. Moments sans parole.

Plus nous nous familiarisons avec les Écritures dans leur ensemble, plus nous découvrons que le cœur de notre espérance et notre vision fondées sur la Bible sont multiculturelles dans leur essence. Le point culminant de l’histoire se conclut avec « la gloire et l’honneur des nations » conduites dans la ville éternelle. L’histoire qui se déroule dans les Actes des apôtres raconte comment un petit groupe de juifs très liés par leur culture devient une famille multiculturelle de croyants d’envergure internationale. L’épître aux Éphésiens de l’apôtre Paul révèle le plan éternel de Dieu pour rassembler le genre humain divisé, composé de juifs et de païens en « une nouvelle humanité ». Bon nombre de ses autres épîtres abordent la manière dont la vie d’Église peut devenir harmonieuse dans un contexte de diversité culturelle.

Nos Églises et nos dirigeants pastoraux doivent effectuer une réflexion biblique, puisque nous expérimentons un changement démographique rapide au sein des communautés qui entourent nos Églises. La vague d’immigration en cours depuis les trente dernières années atteint maintenant les plus vastes centres urbains de notre pays et s’étend maintenant vers les villes et les villages. Une réflexion historique nous mène à une conclusion incontournable : les Églises qui ont adopté leur « Jérusalem » en changement ont ainsi expérimenté une vie nouvelle ainsi qu’une croissance ; celles qui lui ont résisté ont dû fermer ou lutter pour subsister.

Au Canada, bon nombre de chrétiens et d’Églises craignent les changements accrus suscités par l’immigration dans notre pays. Ce que nous ne parvenons pas à comprendre, c’est que Dieu est puissamment à l’œuvre dans le processus de l’immigration dans son ensemble. De même, Paul avait cette pensée en tête lorsqu’il a affirmé que Dieu « détermine les endroits précis où ils devraient vivre » et qu’il agit ainsi pour que « les hommes cherchent sa face, établissent des liens avec lui et le trouvent. » La providence de Dieu est une merveilleuse doctrine. Notre Dieu nous offre d’incroyables occasions pour atteindre les nations au sein de nos communautés. Nous en avons fait l’expérience à Hamilton, particulièrement au cours des cinq dernières années.

Au sud de l’Ontario, de jeunes familles et de nouveaux Canadiens se dispersent partout vers les villes plus petites en dehors de Toronto pour trouver des logements abordables. Nous avons ainsi connu des occasions de témoigner de l’Évangile comme jamais auparavant. C’est ainsi que nous avons baptisé dix personnes originaires de Chine, et plusieurs d’entre elles n’avaient aucune connaissance de Jésus ni de la Bible. À ces gens, s’ajoutent des Coréens, des Philippins, des Pakistanais, des hispanophones, des Indiens de l’ouest, de l’est ainsi que des Africains. Ces « minorités » au sein de notre Église ajoutent une nouvelle dynamique à notre communion, au fur et à mesure qu’elles expérimentent l’acceptation et deviennent de plus en plus participantes dans notre congrégation.

Voici le temps de poser un regard nouveau sur notre communauté, d’ouvrir les yeux devant cette nouvelle réalité. Il est temps de penser de manière stratégique sur la manière dont nous pouvons atteindre les nouveaux Canadiens. Il est temps pour nous d’aborder les questions relatives à la manière dont nous pouvons rendre nos Églises accueillantes qui acceptent les autres. Il est temps de nous réjouir des occasions offertes par la providence de Dieu. Il est temps de saisir notre Jérusalem, empreints de l’amour de Christ, comme l’Évangile nous y appelle. Ce qui aura pour résultat de voir nos Églises locales sur la terre ressembler à l’Église triomphante au ciel. J’en fais le rêve !

— John Mahaffey est un ancien missionnaire aux Philippines. Il a été pasteur à la Morningstar Christian Fellowship à Toronto pendant 18 ans et au cours des dix dernières années, il a été pasteur principal de la West Highland à Hamilton en Ontario.