Les dangers d’une société sexualisée

woman silhouette on dark backgroundLa vie n’a pas toujours été facile pour vous. Pendant combien d’années avez-vous été prisonnière et victime de traite ?

À l’âge de huit ans, j’avais déjà subi les méfaits de neuf agresseurs, d’un violeur et d’un pédophile condamné pour ses agressions aux victimes de plusieurs générations : mon grand-père paternel. Parvenue à l’âge de dix-sept ans, une amie m’a invitée à commencer à danser nue comme elle le faisait elle-même. Je croyais que de cette façon, je pourrais enfin avoir un pouvoir sur les hommes en apparence et me venger de ceux qui m’avaient fait du mal. C’est à ce moment que j’ai rencontré un homme qui allait devenir mon trafiquant. Ma relation avec lui avait commencé par de l’amitié. J’étais liée à lui ; je croyais que pour la première fois dans ma vie, quelqu’un se souciait suffisamment de moi pour me protéger et être présent pour moi. Il m’a contrainte de travailler dans un studio de massage, situé juste en face d’un bordel. À l’âge de 27 ans, après avoir été prisonnière de ce genre de vie pendant dix ans, il en avait fini avec moi et j’ai pu quitter cette industrie qui semblait m’avoir volé tout ce qui me restait de dignité et d’estime de moi.

Quand et comment avez-vous répondu à l’Évangile ?

En rétrospective, je me rends compte que Dieu a toujours fait partie de mon histoire. Cependant, ce n’est qu’après avoir quitté l’industrie du sexe que j’ai entendu la voix de Dieu et que j’y ai répondu en lui demandant de me sauver. Lorsque j’ai quitté l’industrie du sexe, je n’avais plus rien, j’avais touché le fond. J’ai trouvé une bible et je l’ai ouverte. Les yeux au ciel, j’ai crié à Dieu. Je lui ai dit combien j’étais désespérée, dans quel pétrin je m’étais mise et que ma vie ne rimait à rien. Cette fois, Dieu m’a dirigée vers le psaume 102 où j’ai lu ces paroles :  « Éternel, écoute ma prière, et que mon cri parvienne jusqu’à toi ! Ne me cache pas ta face au jour de ma détresse ! Tends vers moi ton oreille au jour où je crie ! Hâte-toi de me répondre ! »

Tombée à genoux, j’ai demandé au Seigneur soit de me tuer ou de me sauver parce qu’au point où j’en étais, chaque souffle m’était insoutenable. Un changement est survenu ce jour-là et j’ai cessé de ressentir des émotions extrêmes qui m’affligeaient. Il a supprimé « l’insoutenable » de mon être et a porté lui-même mon fardeau. La liberté que j’ai éprouvée ce jour-là et tous les jours depuis est inégalée.

Dieu vous a mis à cœur les femmes prisonnières de ce mode de vie... Pouvez-vous nous en parler ?

Après mon départ de cette industrie en 2004, j’ai passé deux ans à guérir, tant sur le plan physique qu’émotionnel, apprenant à mieux me connaître et à connaître Dieu. Après cette période de guérison, je me suis rendu compte que je devais retourner vers les femmes et les filles dans l’industrie du sexe que je connaissais pour leur parler de la liberté et de l’espoir que j’avais trouvé en Jésus. Je voulais leur raconter que rien d’autre ne pouvait résoudre leurs problèmes. Dieu ne m’a pas donné un cœur pour les filles, mais bien un cœur pour lui. Il m’a offert une façon unique d’aimer les femmes et les filles avec lesquelles je travaille. Je leur présente Jésus. Lui seul peut leur procurer la liberté véritable.

Qu’est-ce que l’organisme BridgeNorth ? Qu’est-ce qu’il accomplit et qu’il procure ?

BridgeNorth, fondé par une survivante, est un organisme de charité, de mentorat et de défense des femmes, fondé et dirigé par une survivante qui se consacre à mettre fin à l’exploitation sexuelle au Canada. En répondant aux besoins physiques, mentaux, émotionnels et spirituels, BridgeNorth accomplit sa mission pour restaurer la dignité inhérente et la valeur des femmes et des filles sexuellement exploitées. BidgeNorth remplit sa mission en procurant un service de première ligne et de mentorat aux femmes, aux filles et aux familles touchées par l’industrie du sexe, mais également par l’éducation et la sensibilisation auprès du public en formant les gens et les professionnels pour reconnaître, prévenir, réagir et combattre l’exploitation sexuelle. Il agit pour la défense des femmes, des filles et des familles touchées par l’exploitation sexuelle.

Pouvez-vous témoigner de l’histoire d’une femme que BridgeNorth a secourue ?

(Le nom véritable de cette fille a été modifié pour protéger son identité et sa vie privée. Nous avons cependant obtenu sa permission de raconter son histoire.)

Du plus loin qu’elle s’en souvienne, Hope avait été agressée par son père. À 11 ans, il a commencé à la vendre à d’autres hommes. Lorsqu’elle a atteint l’âge de 16 ans, elle a téléphoné un service de téléassistance d’urgence qui l’a alors référée à BridgeNorth.

Lorsque nous avons commencé à travailler avec Hope, elle était toxicomane, s’adonnait intensément à l’automutilation et était suicidaire. Elle avait tenté d’obtenir de l’aide auparavant, mais s’était débattue pour trouver un programme d’aide qui lui convenait. Nous pouvions constater qu’elle désirait se libérer de sa toxicomanie et connaître la libération de la traite sexuelle. C’est ainsi que nous nous sommes portés à sa défense en son nom et nous l’avons fait admettre à un centre de désintoxication. Au départ, Hope s’opposait à toute conversation à propos de Dieu. Au fil du temps, elle a commencé à demander à parler de Dieu. Lorsqu’elle a fini par quitter cet établissement, elle avait officiellement été libérée de sa toxicomanie, elle portait une croix à son cou et avait une bible dans ses bagages.

Hope vit de manière autonome et poursuit son rêve de retourner à l’école pour devenir ambulancière paramédicale, pour lui permettre d’aider ceux qui souffrent.

Pouvez-vous préciser la raison d’être du partenariat de BridgeNorth et d’AIDE et de son établissement ? Quand a-t-il été concrétisé ?

Il y a environ deux ans, BridgeNorth avait connu une croissance telle qu’il avait besoin d’un organisme structuré. Gioia Stover, une femme m’a téléphoné et désirait aider BridgeNorth.

Elle a commencé à communiquer avec d’autres organismes pour en trouver un auquel BridgeNorth pouvait se joindre. Une seule organisation chrétienne a répondu à l’appel de Gioia : le Fellowship. Nous avons été mis en communication avec leur division d’AIDE (l’assistance et le secours à l’étranger du Fellowship) où nous avons discuté avec Dan Shurr son directeur. Ce dernier nous a demandé plus de renseignements à propos du ministère et du travail de BridgeNorth. Et nous avons obtenu une formidable réponse : oui.

Quelle Église peut communiquer avec vous ? Comment peut-elle s’investir auprès de sa communauté pour faire cesser de telles activités criminelles ?

Par notre site Internet : www.bridgenorth.org, par courriel : www.bridgenorth.org, par téléphone : 905 895-9065 et par Facebook : @BridgeNorth.

Nous recherchons des Églises et des croyants pour aider et sensibiliser les gens par des activités et des campagnes sur les réalités de la traite humaine. Nous accueillons toute congrégation qui veut établir un partenariat financier pour nous aider à la poursuite de notre mission.

Nous bénéficions d’un réseau de parrainage de prière qui permet aux personnes de parrainer des filles en particulier pour les élever dans la prière. Elles reçoivent des mises à jour mensuelles pour les aider à prier d’une manière plus précise. Nous avons observé que les filles qui ont accepté que l’on prie en leur nom ont vécu des événements miraculeux à la gloire de Dieu. Toute personne qui désire se joindre à notre réseau de parrainage de prière peut en faire la demande par courriel prayer@bridgenorth.org.

* Cet entretien a été édité et réduit pour fin de publication.