Mariage biblique et sexualité humaine : considérations pastorales

troubled man listening to another man talkL’Église au Canada a toujours su relever ses défis. Au cours des soixante-dix premières années du siècle dernier, elle a profité d’un environnement où ses enseignements sur l’éthique ont été largement accueillis. Cependant, à toutes époques confondues, la société a voulu nous amalgamer dans ses valeurs. Il y a quarante ans, lorsque je suis devenu pasteur, j’ai très bien compris le basculement imminent de notre culture. Viendrait le jour où l’éthique chrétienne ne serait pas acceptée ; je dois cependant admettre mon étonnement devant la rapidité avec laquelle ce phénomène est apparu. La rébellion sexuelle de notre culture est fermement ancrée. À tel point qu’à ma connaissance, c’est la première fois dans l’histoire de l’Église au Canada, où nous voyons des tentatives d’un gouvernement pour marginaliser notre position chrétienne et pour nous priver de nos droits dans notre pays.

Voici le défi qui nous attend : comment exercer notre ministère devant cette nouvelle réalité qui nous entoure ? Il est facile d’élaborer une mentalité d’assiégés et de se terrer dans nos Églises, telles des repaires fortifiés. Ceux qui sont engagés dans la mission de Christ dans le monde, qui sont convaincus que « l’Évangile est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit. » savent cependant qu’il ne s’agit pas là d’une solution. La réponse à cette question est compliquée. Je désire présenter deux suggestions ainsi qu’une exhortation qui aideront les dirigeants pastoraux à marcher dans ce champ miné que sont la déchéance et la rébellion sexuelles. La première suggestion repose sur la limpidité de notre communication : nos paroles doivent faire preuve de prudence. Nous savons tous que, dans la défense de la position biblique concernant l’homosexualité, des propos malveillants ont été prononcés à l’endroit des homosexuels et de ceux qui luttent avec leur attirance envers les personnes de même sexe. Nous devons nous accorder un grand soin à nos paroles et à notre manière de nous exprimer, si bien que les personnes ne perdent jamais espoir d’obtenir l’aide de Dieu ou que toute personne sente que l’Église est un havre sécuritaire où elle peut trouver cette aide.

Beaucoup croient à ce mensonge : nos émotions forment notre identité. Tel est le refrain répété de nos jours : l’appel à expérimenter et à découvrir notre véritable identité sexuelle. C’est dans ce domaine précis que notre communication doit être limpide. Les gens luttent avec leurs émotions et nous devons leur rappeler que ces dernières ne déterminent pas notre identité. Nous devons leur transmettre l’enseignement biblique sur la dépravation humaine et la déchéance sexuelle. La doctrine de la dépravation intégrale signifie que tous les domaines de notre humanité sont touchés et entachés par le péché. Le regretté John Stott l’a résumé ainsi : « Nous sommes tous des pécheurs sexuels. Aucun d’entre nous n’a parfaitement suivi le dessein de Dieu concernant la sexualité humaine. » Notre enseignement doit être précis, traiter de l’universalité de la déchéance humaine sous toutes ses formes et offrir l’Évangile comme son seul remède. La proclamation claire que « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » aidera ceux qui luttent avec l’attirance envers les personnes de même sexe et leur fera comprendre que leur lutte n’est qu’un autre aspect de la chute avec laquelle nous luttons tous. Une telle communication doit être empreinte d’enseignement positif de la sexualité. La Bible a tant de choses à nous apprendre sur le sujet pourtant absent de nos Églises. Le dessein de Dieu concernant la sexualité fait partie de « tout le dessein de Dieu. »  Dans notre monde caractérisé par la confusion sexuelle, le besoin de proclamer cette vérité est plus pressant que jamais. Comme celle de notre Seigneur, notre communication doit être empreinte de grâce et de vérité.

La qualité de notre vie communautaire doit également accompagner la clarté de notre communication. En effet, dans un trop grand nombre de nos Églises, la communion fraternelle ne se résume qu’à de la convivialité. Les Écritures nous appellent fréquemment à nous consacrer à la communion fraternelle. Celle-ci consiste à nous aimer les uns les autres, à porter nos fardeaux mutuels, à confesser mutuellement nos péchés et à prier les uns pour les autres pour que nous puissions être guéris. Nous ne pouvons nous permettre d’ignorer cet appel. Ce n’est que dans le contexte étroit de relations aimantes où la vérité triomphe et où la grâce est exercée que nous pouvons susciter des disciples sains. Comme le « paraclete », l’Esprit Saint qui nous accompagne, les ministères et les relations doivent faire de même. Le prix en est élevé, mais il n’y a aucun autre moyen. L’époque où nous vivons exige ce genre de vie communautaire.

Il y a vingt ans, j’ai rencontré un jeune homme atteint du sida dans un hôpital de Toronto. J’ai écouté son récit bouleversant : il avait grandi dans un foyer chrétien, avait subi de la violence sexuelle, était en proie avec des sentiments homosexuels et n’avait pu trouver aucun ami dans l’Église. La communauté gaie de Toronto avait eu tôt fait de l’accepter et de lui tendre la main. Il m’avait été difficile d’entendre son récit. Ce jour-là, il a été touché par la grâce de Dieu et nettoyé de ses péchés. Après avoir connu un regain de santé, il a été baptisé et chaleureusement accueilli par sa famille d’Église. Beaucoup de gens comme lui ont besoin de l’amour d’une communauté bienveillante pour leur permettre de recevoir la guérison de leur déchéance. Beaucoup de parents ont le cœur brisé parce que leurs fils et leurs filles ont quitté l’Église pour adopter le mode de vie gai. D’autres luttent avec l’attirance envers les personnes de même sexe.

Enfin, je crois que nous avons besoin d’entendre une exhortation. Avec l’adoption du mariage de personnes de même sexe, il y a vingt ans, notre pays s’est engagé dans une expérimentation sociale profonde et il faudra une génération avant que les gens commencent à se rendre compte de ses conséquences. En tant qu’évangéliques, nous subissons de plus en plus de pressions pour reconnaître les tendances du monde et adopter une nouvelle théologie gaie, propagée notamment par des ouvrages comme God and the Gay Christian de Matthew Vines. Soyons clairs : un courant nous sépare. Il sera de plus en plus difficile de demeurer fidèle à la Bible si la tendance actuelle se maintient. Quels sont les enjeux véritables de tout ceci ? L’Évangile. C’est pourquoi je suis reconnaissant de la déclaration sur le mariage biblique et la sexualité humaine proposée par notre Fellowship. Elle sera un guide utile pour les dirigeants pastoraux et les Églises et les aidera à perpétuer leur fidélité envers la Bible et à devenir des Églises qui communiquent clairement l’Évangile et le vivre au grand jour au sein de nos communautés pastorales.

 

— John Mahaffey est un ancien missionnaire aux Philippines. Il a été pasteur à la Morningstar Christian Fellowship à Toronto, en Ontario pendant 18 ans et au cours des onze dernières années, pasteur principal de la West Highland à Hamilton en ON.