Reste calme, sois rassasié

People - Carter, Gary 2011Gary Carter de la Radio du Fellowship (www.fellowship.ca) nous partage ici le recueillement qu’il a expérimenté au cours de la veille de prière de Mission 48.
 

Le mercredi, 10 novembre 2010
Il est 4 h du matin.
 
Je suis entré dans la salle des Bouleaux de l’hôtel Parklodge il y a quelques minutes. Sept hommes et femmes y sont en prière. Ils sont dispersés dans la salle en silence. Personne ne les a amadoués pour qu’ils viennent prier. Je ne sais pas depuis combien de temps ils y sont. Je ne les connais pas tous par leur nom.
 
La salle a été adéquatement aménagée avec des lumières tamisées et des oreillers, pour ceux qui préfèrent ne pas s’asseoir sur une chaise ou un fauteuil. Une personne est agenouillée. Des feuilles de papier journal tapissent les murs, sur lesquelles les prieurs sont invités à écrire des prières à l’aide d’un marqueur. En haut de ces feuilles figurent les mots : « Reste calme et sache que je suis Dieu ». Certains refont les prières écrites sur les murs. Une personne murmure une prière. Puis une autre personne prie à son tour. Tel un journaliste croquant ce moment sur le vif, je démarre mon ordinateur. J’essaie de trouver les bons mots pour décrire ces moments sacrés.
 
J’entends beaucoup de prières profondes et sincères. J’entends des reniflements, des voix brisées et des chuchotements discrets. J’entends des cœurs plaider-implorant pour qu’il y ait plus de leaders pour démarrer plus d’Églises, des cœurs ardents envers les perdus de leur voisinage. J’entends les gens s’écrier pour leur ville, leur village, leur localité. J’entends des prières d’intercession pour les groupes religieux croissant rapidement dans notre pays. J’ai remarqué un souci profond pour notre habileté collective et notre passion pour les atteindre au moyen de l’évangile. J’entends le silence qui se fait assourdissant devant la prière qui monte de chacun des cœurs.
 
J’entends les prières nommant les régions du Fellowship. J’entends des amis à l’accent français intercéder pour les régions majoritairement anglophones. J’entends également des prières anglophones pour les grandes villes et les petites communautés du Québec. J’entends des prières en français : je ne comprends certes pas tous les mots, mais j’en comprends l’intention.
 
J’entends des nombres, un, douze, cent, concernant non seulement des personnes, mais des communautés, des Églises et également des communautés sans Église. Réveille nos Églises qui sont faibles, multiplie nos efforts d’évangélisation, fortifie nos Églises. Établis-en de nouvelles. C’est beaucoup plus qu’une association que je vois ici, c’est une famille. J’entends des chapitres et des versets cités tels qu’attribués par le Saint-Esprit. J’entends également des dates déterminées dans des prières précises. J’entends des prières destinées à des besoins spécifiques concernant des mariages et des familles. J’entends des prières pour la délivrance de querelles inutiles. Des voix brisées prient, des gens hardis prient à voix haute, des prières de repentance, d’humilité, d’unité, d’une vision nouvelle. Celles qui demandent que nous répondions à l’appel pour faire face à l’égocentrisme des autres. Des prières pour les jeunes qui sont perdus, enchevêtrés dans leurs poursuites égoïstes et des prières pour les aînés endurcis et perdus.
 
Des chuchotements, des « amen » d’approbation, des prières de remerciement pour la grâce habilitante. Des prières pour fortifier, pour l’adoption d’une vision, pour des cœurs réceptifs, pour que l’Esprit travaille, pour la repentance nationale, pour la guérison de ce pays, pour la libération et le rafraîchissement spirituel de ceux qui connaissent une foi nouvelle et font face au découragement, encore et encore.
 
Toute la nuit. Pas une pause pour causer du temps qu’il fait ou d’autres préoccupations du moment. Aucune prière axée sur soi. Seules des prières pour que les vies soient riches, profondes, pour pénétrer dans ce monde perdu qui cherche. Des vases vides, brisés sont répandus sur le sol et sur les chaises.
 
J’entends des voix prendre une pause à la recherche de meilleurs mots. Mais j’entends clairement à voix haute cette vision solennelle qui surpasse tout ce que nous pouvons demander ou même imaginer.
 
Alors que je me penche sur ce qui se produit sous mes yeux et que mes doigts tapent les mots sur le clavier au beau milieu de cette rencontre, je la considère comme un concert de prière. Des vagues de mots alternant avec des vagues de silence, tout en cadence, se déroulant, passant de l’un à l’autre alors que les thèmes vont et viennent.
 
Les gens ont été invités à choisir une heure déterminée, à venir prier pour une heure. La quatrième heure s’achevait. Certains entrent donc sans bruit en enlevant leurs chaussures : cette salle est un lieu saint. D’autres s’en vont, ressentant toute une gamme d’émotions; ils savent que cette richesse leur manquera.
 
La plupart des prieurs ont perdu la notion du temps. Il est maintenant 5 h 30. Je suis le seul dans cette salle à l’avoir remarqué. Je ne m’en soucie pas vraiment, car je n’ai aucunement l’intention de m’en aller.
 
Alors que j’observe les gens qui entrent dans la salle, un regard de gratitude sur chacun des visages démontre la satisfaction de voir les autres réunis en un seul corps. De manière continue, beaucoup d’autres font leur entrée. Certains quittent la salle, cependant le nombre de participants augmente. Toutes les chaises ont trouvé preneur, mais la plupart des gens s’assoient sur le sol le long des murs de la salle des Bouleaux. Je ne prends pas la peine de les compter, de toute façon, il n’est pas question de statistiques ici. Mais la salle est remplie maintenant.
 
Il s’agit d’une seule voix, mais elle se propage d’une bouche à l’autre, d’une extrémité de la salle à l’autre. Nous avons ce savoir-faire, et nul n’est besoin de répétition. Voilà une prestation belle et touchante. Remarquable. Non, pas remarquable. Merveilleuse! Réconfortante! Nous mettant au défi et nous procurant la plénitude!
 
Il est l’heure de déjeuner. Je n’ai pas faim, je suis rassasié.
 

Gary V. Carter est un spécialiste de l’Église. Il a fréquenté plusieurs Églises du Fellowship depuis ses débuts. Il a joué un rôle clé dans l’établissement de plusieurs d’entre elles, exerçant un travail pastoral auprès d’autres Églises et travaillant au sein de plusieurs initiatives orientées vers le ministère. Il est l’animateur de l’émission radiophonique The Fellowship Networks. (Les Réseaux du Fellowship, en anglais pour l’instant, titre librement traduit).