Formez votre « Jérusalem personnelle »?

Établissez votre « Jérusalem personnelle »

Prenez cinq minutes pour faire le schéma de votre « Jérusalem personnelle ». Voilà le concept que je présente aux Églises lorsque je leur fais mettre en pratique des méthodes d’évangélisation efficaces au moyen de « conversations significatives »  (http://www.nbseminary.ca/church-health/cild/cild_resources/cild_intercultural_conversations). Cet outil s'appuie sur Actes 1.8, « […] vous serez mes témoins à Jérusalem […] », et met l’accent sur le réseau de relations qui définit nos vies, le réseau de chaque participant.

Faites tout d’abord une figure vous représentant au milieu d’une feuille de papier. Puis, à partir de cette figure, tracez des lignes vers les différents domaines de votre vie où vous interagissez avec les autres; par exemple, votre famille, vos amis, vos voisins, vos collègues, vos coéquipiers, etc. Enfin, dessinez des lignes tirées à partir de chacune de ces premières lignes, et pour chacune de ces nouvelles lignes, écrivez le nom d’une personne avec laquelle vous échangez régulièrement et qui ne s’est pas engagée à suivre Jésus.

Demandez-vous ensuite : « La constitution culturelle de ma « Jérusalem personnelle » correspond-elle à la diversité culturelle des gens avec lesquels je travaille et auprès desquels je vis? » Tout comme les Églises peuvent mettre sur pied un programme interculturel (http://www.nbseminary.ca/wp-content/uploads/image/Setting-an-intercultural-agenda.pdf) pour établir des relations au sein des communautés culturelles, les croyants peuvent, dans une démarche individuelle, introduire des changements dans leur vie conduisant à des interactions intéressantes et significatives avec les immigrants - des interactions aux conséquences éternelles.

Le Mandat

En tant que disciples de Jésus-Christ, nous avons le mandat de faire « de toutes les nations des disciples […] » (Mt 28.19). Chose étonnante à propos de ce commandement, Jésus insiste sur le fait de franchir volontairement les frontières culturelles pour établir des relations significatives avec des gens appartenant à d’autres communautés culturelles. Par le passé, sauf pour quelques rares missionnaires, il était difficile pour la plupart des croyants de participer personnellement à cet aspect de la volonté de notre Seigneur. Cependant, Dieu a accordé aux Canadiens le privilège d’accueillir des gens provenant de partout dans le monde, et voilà pour les croyants une occasion de participer directement au Grand Mandat. Quel que soit notre arrière-plan, la porte est ouverte pour développer des relations interculturelles nous permettant de faire « des disciples de toutes les nations. »

Habitant sur l’île de Vancouver, j’utilise fréquemment le traversier et le transport en commun pour me rendre au Northwest Baptist Seminary sur le campus de l’Université Trinity Western, à Langley en Colombie-Britannique. L’éventail des langues et des cultures que j’y rencontre constitue une preuve des occasions que Dieu nous a données pour accomplir la mission de Matthieu 18 dans notre propre pays. Un jour à bord d’un autobus, je me suis trouvé assis en face d’une jeune femme asiatique. J’ai remarqué qu’elle lisait un exemplaire de Notre Pain Quotidien[1]. Curieux, je lui ai alors demandé si elle lisait cette publication régulièrement et où elle se l’était procurée. Elle m’a répondu qu’elle venait de la Chine, qu’un ami lui avait remis un exemplaire de cette publication et que c’était la première fois qu’elle était exposée au christianisme. Elle avait beaucoup de questions et c’est ainsi que nous avons ensuite bavardé pendant tout le trajet du traversier, où je lui ai expliqué l’Évangile. Il s’agissait d’une invitation divine à me joindre à Sa mission au sein de notre Jérusalem.

Participez dès maintenant!

Il y a plusieurs habitudes que nous pouvons adopter dans nos routines qui favoriseront notre participation au Grand Mandat.

  1. Dites-leur bonjour. Certains immigrants se sentent comme des trouble-fêtes. Ils ne sont pas sûrs d’être les bienvenus et souhaiteraient se sentir acceptés. Ils sont partis de l’autre bout du monde, alors que nous n’avons qu’à traverser la rue pour nous présenter.
  2. Parlez-leur de ce qui les intéresse. S’ils viennent de l'Inde ou du Pakistan, ils seront sans doute amateurs de cricket. Regardez une joute avec eux et laissez-les vous expliquer les règles. Récemment, j’ai passé une plaisante demi-heure au Pakistan, à regarder une joute de cricket avec le neveu d’un ami, âgé de six ans. Il m’a raconté ses exploits dans ce sport.
  3. Développez de nouvelles habitudes de magasinage. Si une nouvelle famille d’immigrants ouvre un magasin ou un restaurant, devenez un habitué de la place. Non seulement votre présence validera la leur, mais vous serez ainsi capable de bâtir une relation dans leur environnement.
  4. Servez. Bon nombre d’immigrants ne sont pas sûrs de ce qui est acceptable ou non. Le simple fait de faire une demande pour un permis de conduire peut s’avérer un cauchemar pour eux. Le fait d’accompagner quelqu’un dans cette démarche peut solidifier une relation par la reconnaissance et l’appréciation.
  5. Laissez-vous servir. Si servir ne va que dans une direction, la relation sera guindée et source de malaise. Notre Église a invité des membres d’une communauté pendjabi de notre localité à partager sa nourriture et sa culture avec notre congrégation. Si notre Église avait insisté sur le fait de procurer la nourriture et le divertissement, cette initiative aurait fait faux bond. Parce que la communauté Pendjabi a eu l’occasion de servir les autres et de partager ce dont elle est fière, elle s’est sentie validée, si bien que nous en avons fait un événement annuel.

Développez vos habiletés

Lorsque les relations interculturelles sont amorcées, nous sommes exposés à des valeurs et à des perspectives qui sont en dehors de notre expérience. La courbe d’apprentissage peut parfois être demandante, mais des outils sont disponibles pour orienter et équiper ceux qui sont sérieux dans le développement de relations saines et mutuellement satisfaisantes.

1.  Les langages du respect d’Eric Law. Dans son ouvrage, The Wolf Shall Dwell with the Lamb[2] (Le loup habitera avec l’agneau, titre librement traduit), M. Law démontre qu’il ne suffit pas d’agir de manière respectueuse en fonction de notre compréhension de ce qu’est le respect. Nous devons plutôt apprendre à communiquer avec les autres selon leurs standards pour exprimer le respect. Cette démarche exige une conscience de notre propre subjectivité, une ouverture face aux autres perspectives et une mise en pratique de nouveaux moyens d’interaction.

J’ai lu récemment en ligne des critiques gastronomiques d’un restaurant indien de l’est que mon fils Matthieu m’a recommandé. Certaines critiques sévères se plaignaient du piètre service de ce restaurant. J’en ai fait part à mon fils, qui a grandi au Pakistan. Il s’est mis à rire en me disant que cela rendait l’ambiance du restaurant authentique. Pour sa part, le manque d’expression chaleureuse et de sourires lui avait semblé naturel et attirant, fidèle à ce qu’il avait expérimenté au Pakistan. Ce qui ne veut pas dire que les propriétaires du restaurant en question étaient brusques ou ne savaient pas comment servir leurs clients, mais tout simplement que leurs valeurs étaient différentes de celles des Canadiens. Les critiques appuyaient leur évaluation sur des attentes occidentales et n’étaient pas disposés à envisager un autre système de valeurs comme étant valable.

Vous trouverez des suggestions pratiques sur la découverte et l’exploration des langages du respect chez d’autres groupes culturels en lisant l’article suivant du ministère « Cross Cultural Impact » : Resolving Intercultural Tensions 3: Speaking Another’s Language of Respect (http://www.impact.nbseminary.com/archives/115).

2.  Développez votre quotient culturel[3]. Dans son livre intitulé Cultural Intelligence: Improving your CQ to Engage our Multicultural World[4], David Livermore examine quatre aspects de l’intelligence culturelle : la connaissance, l’interprétation, le comportement et la persévérance. Chacun d’entre eux y est pour beaucoup dans les relations interculturelles.

3.  La connaissance implique l’auto-analyse de ce que je préconise comme valeurs et pourquoi, et implique l’accumulation progressive d’informations à propos d’autres cultures.

4.  L’interprétation fait référence à l’habileté de considérer une action et de la comprendre selon le point de vue de celui qui agit. Un ami sindhi, qui est croyant, s’est rendu au bureau de la traduction au Pakistan et s’est exclamé : « Oh mon Dieu! » en entrant, puis s’en est retourné. Selon mon contexte culturel, cette expression est irrespectueuse. Si bien que lorsqu’il est revenu, je lui ai demandé pourquoi il avait dit : « Oh mon Dieu! ». Il m’a alors expliqué qu’il s’agissait d’une expression de gratitude, car dès qu’il avait pénétré dans cette pièce, Dieu lui avait fait rappeler une chose qu’il avait oubliée.

5.  Le comportement est une étape qui va au-delà de la connaissance et de l’interprétation pour changer nos actions afin de nous conformer aux valeurs que nous avons apprises. Nous n’avons vraiment appris à être empathiques à une autre manière de vivre que lorsque nos actions reflètent nos pensées.

6.  La persévérance démontre notre sincérité. Il y aura certes des difficultés, des heurts, et des blâmes jetés à tort[5] qui devront être surmontés. Mais les récompenses tant sur le plan relationnel qu’éternel qui proviennent du fait d’ajouter cette composante interculturelle à notre « Jérusalem personnelle » font que cet effort en vaut grandement la peine.

—Mark consacre son temps en aidant les Églises à l'élaboration de leurs comités missionnaires pour qu’ils soient efficaces et pertinents. Si cette initiative vous intéresse, veuillez communiquer avec lui en passant par les ministères du Fellowship à l’étranger.

 


[1] Notre Pain Quotidien est une publication d’édification évangélique répandue.

[2] Law, Eric H. F.(1993), The Wolf Shall Dwell with the Lamb en anglais seulement (Le loup habitera avec l’agneau, titre librement traduit), St-Louis MO, Chalice Press.

[3] Des évaluations de votre quotient culturel sont disponibles en ligne (en anglais seulement). À titre d’exemple, le lien suivant est conçu pour les missions à court terme : http://culturalq.com/mission.html

[4] En anglais seulement. Livermore, D. (2009) Cultural Intelligence: Improving your CQ to Engage our Multicultural World, Grand Rapids, MI, Baker.

[5] cf. Lane, P. (2002), A Beginner’s Guide To Crossing Cultures: Making Friends in a multi-cultural World (« Un guide du débutant dans l’aventure transculturelle : Comment se faire des amis dans un monde multiculturel », titre librement traduit, ouvrage en anglais seulement), Downer’s Grove, InterVarsity Press. Voir les pages 27-30 pour une bonne description des attributions faites à tort et comment y remédier.