L’ange de KIENAN

Pour n’importe quels parents, il s’agit du pire cauchemar imaginable. En septembre dernier, Tammy et Paul se sont réveillés un mercredi matin pour découvrir que leur fils de trois ans, Kienan, n’était plus dans son lit. Sparwood, en Colombie-Britannique, là où vivent les Hebert, est une municipalité de district qui fait environ 172 kilomètres carrés. Sa population ne compte que 4 000 habitants, principalement composée d’ouvriers qui sont reliés de près ou de loin à l’industrie du charbon pour laquelle Sparwood est réputée. Cette localité comporte également une Église, la Sparwood Fellowship Baptist de laquelle Tammy et Paul sont membres.

Le dimanche matin suivant la disparition de Kienan, après avoir effectué des recherches intensives et après qu’une alerte AMBER ait été déclenchée partout en Alberta mais également aux États-Unis, et que les Hebert aient lancé un vibrant plaidoyer au ravisseur de leur retourner leur fils, Kienan est revenu, sain et sauf, blotti sur une vieille chaise à la maison. Comment avait-il été pris puis retourné sans que personne ne s’en soit aperçu demeure un mystère à ce jour. Cependant, le ravisseur présumé a été arrêté un peu plus tard.
Voici l’entretien que Tammy et Paul ont accordé à L’Essor pour raconter leur expérience.

L’Essor : Voilà le pire cauchemar pour des parents : découvrir que leur enfant a été kidnappé. Quelle a été votre première réaction lorsque vous vous êtes rendu compte que Kienan avait disparu en ce mercredi matin?

Les Hebert : Incrédulité, état de choc… c’était très irréel. Après tout, qui ferait une chose semblable? Nous étions bouleversés par l’appui de toute la communauté. C’était incroyable. Même à l’heure actuelle, nous sommes encore bouleversés.

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L’Essor : Kienan a disparu pendant quatre jours. L’alerte AMBER s’est étendue de la Colombie-Britannique jusqu’en Alberta et même jusqu’aux États-Unis. Lorsque vous avez lancé votre appel suppliant au ravisseur le samedi suivant pour qu’il vous retourne votre fils sain et sauf, comment saviez-vous qu’il était encore en vie?

Les Hebert : Nous étions sûrs qu’il était encore vivant, que nous allions le récupérer; cependant, nous ne savions pas combien de temps cela prendrait.

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L’Essor : Qu’est-ce qui vous permettait de fonctionner, de croire pendant ces quatre journées terribles?

Les Hebert : La foi, sans laquelle il est hors de question de vivre. Il n’y avait rien que nous puissions faire, excepté d’avoir la foi que Dieu était avec nous.

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L’Essor : Y avait-il un passage biblique particulier ou une impression provenant de Dieu qui vous a apporté la paix au milieu de cette tourmente?

Les Hebert : Oui, Matthieu 19.26 : « Jésus les regarda et leur dit : Aux hommes, cela est impossible, mais à Dieu, tout est possible. » Et Luc 7.1-10, la foi du centurion.

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L’Essor : Quel effet la disparition de Kienan a-t-il produit chez vos autres enfants?

Les Hebert : Pendant la disparition de Kienan, leur réaction était au diapason de la nôtre. Nous devions être forts pour eux. Si nous nous sentions en paix, ils seraient en paix. Si nous allions être bouleversés, ils seraient bouleversés. Ce que nous devions faire nous paraissait évident.

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L’Essor : L’une des choses les plus extraordinaires qui aient été rapportées après le retour de Kienan était que de toute évidence, il n’avait subi aucun traumatisme émotionnel de quelque nature que ce soit. C’était comme si rien n’était arrivé. Maintenant, quelques mois plus tard, y a-t-il eu des marques de stress post-traumatique qui soit apparu, chez lui, chez vous ou chez les autres membres de votre famille et s’il y en a eu, comment Dieu vous aide-t-il pour y faire face?

Les Hebert : Lorsque nous remontons le temps, Kienan était un peu plus réservé qu’il ne l’était avant avec les autres personnes (lorsqu’il est revenu à la maison), mais il n’a pas mis longtemps pour être de nouveau lui-même et de reprendre ses activités coutumières. S’il y a eu quelque chose, c’est Caleb, notre fils de six ans qui a été le plus affecté par l’enlèvement de Kienan et son retour. Il était en colère et voulait constamment aller battre cet homme mauvais. Mais ce moment est passé et cet événement n’est plus un sujet de conversation et n’est plus dans nos pensées dans notre foyer, à moins que quelqu’un aborde ce sujet. Sur You Tube, il y a une vidéo que tout le monde aime dans notre famille, à propos du chant de Billie Joe Armstrong : Wake me up when September ends (Réveille-moi lorsque septembre se terminera, titre librement traduit). Merci à la personne qui l’a mise en ligne.

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L’Essor : Il a été rapporté que les membres de votre Église de Sparwood ont eu une attitude extraordinairement encourageante envers vous tout au long de cette épreuve. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs ce que cet appui impliquait?

Les Hebert : Nous ne sommes pas certains quel rôle chacun a joué, parce que nous étions extrêmement préoccupés. Cela étant dit, notre famille d’Églises est composée de beaucoup de congrégations. Les mormons, qui ne partagent pas la même foi que nous, ont également été d’une aide précieuse. Notre pasteur Ron Rutley a passé du temps à prier avec nous, nous a ouvert sa maison et son jardin pour que nos autres enfants puissent s’y amuser. Le pasteur Ross Powell, d’une Église pentecôtiste, a passé bien des heures à prier et nous a entouré et appuyé. Le pasteur Shawn Barden de l’Église Fernie Baptist était là lui aussi à prier et a passé beaucoup de temps auprès de l’équipe de recherches et de secours. Les Églises partout au pays ont prié, ont écrit et nous ont soutenus. L’amour dans la région était si intense que tous ont mis de côté leurs différences pour s’aider les uns les autres pour trouver notre fils. L’hôtel Causeway Bay a nourri notre famille et les amis proches qui étaient venus se joindre à nous. Les administrateurs de cet hôtel sont demeurés auprès de nous durant la journée pour s’assurer que tous avaient bien mangé. L’Église des mormons a également ouvert ses portes pour nourrir tous les bénévoles et a fait les préparatifs nécessaires pour qu’ils puissent y dormir, en plus d’offrir du café vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Que Dieu les bénisse tous.

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L’Essor : Le service de police et les médias ont tous remarqué que le retour de Kienan sain et sauf était sans aucun doute un événement parmi l’un des plus extraordinaires qui soit. La plupart des gens bien sûr, n’attribuent pas ce retour à la grâce de Dieu. Certaines personnes sceptiques parleraient plutôt de théories relatives à un complot ou d’un gain quelconque et vont ignorer l’intervention divine. Comment leur répondez-vous?

Les Hebert : Dans nos actions, nous croyons que parfois, il est préférable de ne rien dire du tout, mais aux croyants qui s’interrogent sur cette situation particulière, tout ce que nous devons faire, c’est de lire le livre des Actes 5.17-24.

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L’Essor : Avant la disparition de Kienan, vous aviez l’habitude de laisser les portes de votre maison déverrouillées au cas où quelqu’un aurait besoin d’un gîte. Il a été rapporté que vous verrouillez maintenant vos portes le soir. Est-ce que votre confiance s’est transformée en méfiance? Comment envisagez-vous d’avoir à changer votre manière de penser concernant les gens?

Les Hebert : Nous ne verrouillions pas nos portes, car nous ne possédons rien qui soit d’une grande valeur. Si quelqu’un allait entrer par infraction dans notre maison pour y prendre quelque chose, et bien cette personne pouvait le faire. Nous ne nous préoccupions pas de la sécurité de nos biens, parce qu’il ne s’agissait que de biens matériels. Qui pouvait songer que quelqu’un pouvait avoir besoin de prendre un enfant dans son lit? Jamais nous n’aurions pensé que quelqu’un aurait pu venir pendant notre sommeil et prendre notre enfant, même dans nos pires cauchemars. Nous faisons encore confiance aux gens et nous continuerons à leur faire confiance. Nous avons un petit adage : « Trompe-moi une fois, honte à toi. Trompe-moi une deuxième fois, honte à moi. Et nos mères n’auront pas élevé des insensés! »

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L’Essor : Le fait de pardonner à un homme accusé d’avoir enlevé Kienan n’est pas une chose aisée à faire. Si vous pouviez lui parler maintenant, que lui diriez-vous?

Les Hebert : Le fait de pardonner à quelqu’un est chose facile une fois que vous comprenez que c’est ce qu’il faut faire si vous voulez aller de l’avant. Le seul autre choix est de haïr l’autre. La haine conduit à la colère et fait de vous une victime. Ce qui ne veut pas dire que cet homme ne doit pas être tenu responsable de ses actes. Cela signifie simplement que nous pouvons aller de l’avant et laisser le Seigneur régler le reste. Je remercierais le ravisseur d’avoir ramené Kienan sain et sauf et de ne pas lui avoir fait de mal. Je le remercierais également d’avoir pris soin de Kienan pendant qu’il l’avait sous sa garde, s’assurant qu’il était nourri et hydraté, qu’il était propre, comme l’était Kienan à son retour.

Dans le psaume 139, David dresse une liste des endroits possibles où une personne peut fuir loin de Dieu et conclut ainsi : « Là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira. » (Psaume 139.10, La Colombe.) Quel que soit l’endroit où Kienan ait été conduit, quel que soient les événements qui se sont déroulés pendant ces quatre jours, et quel que soient les pensées de cet homme qui l’a pris dans son lit, nous savons que Dieu était là, sans aucun doute, entouré d’anges. Voilà ce qui rend les choses impossibles plus que possibles.